mercredi 6 mai 2020

Ode au livre


Ode au livre
Quelle ne fut pas ma surprise en réalisant que le livre ne faisait pas partie de la liste des produits essentiels, en cette période étrange où un virus nous impose des restrictions !
C’est pourtant le meilleur compagnon qui existe sur terre et qui n’impose aucun tracas, si ce n’est le souci de l’écrire pour l’écrivain et le travail de l’imprimeur pour sa réalisation.
Balzac s’était essayé à l’art de l’imprimerie, pensant que c’était un métier moins difficile que celui d’écrivain mais après un cuisant échec, il se servit de son expérience pour écrire l’un de ses chefs d’œuvre, Les Illusions Perdues.
Dans cet ouvrage, un père avaricieux vend à son fils son imprimerie vieillotte à un prix prohibitif et lui assène à la fin de son bilan comptable revu à la hausse : «  Je te lègue un trésor, Nanon, elle ne sait pas lire » !
Ce livre admirable est une véritable bible pour l’écrivain : le héros, Lucien de Rubempré fait le tour des éditeurs parisiens pour placer son recueil de poésie, en vain !
Un roman historique à la manière de Walter Scott est retoqué et pour consentir à l’éditer, les producteurs lui demandent de supprimer les passages édifiants et culturels et d’ajouter, à leur place, des dialogues vifs et populaires.
Le pauvre poète finira par vendre sa plume au plus offrant dans les journaux à la mode, reniant tous ses principes moraux et se contredisant parfois sous un faux nom !
Sa descente aux enfers sera totale et on se souvient de lui comme le prototype de l’anti-héros romantique.
Rien n’a changé depuis l’époque de Balzac et il faut avoir foi en ses écrits pour poursuivre sa route, sa plume à la main !
Qui a eu l’idée de placer le livre hors du champ des éléments nécessaires à la vie ?
Je ne félicite pas ce censeur des temps modernes et j’imagine mal ce que serait la vie sans les livres-témoins de notre art d’aimer !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire