La rivière d'argent

 

Comme un long ruban qui s’étire sur des galets d’argent, la rivière serpente en emportant dans son sillage des perles vives.

La belle Mélusine, échappant au sortilège qui la tient enfermée dans la tour d’un château auprès de son époux, s’échappe vers la rivière, son habitat naturel.

Un jour, un jeune pêcheur en quête du fameux poisson d’or qui errait dans les légendes, aperçut la superbe Mélusine qui prenait du repos sur une roche frappée par le soleil.

Sa queue de sirène ruisselait d’éclats de lune.

Nue sous la cascade de ses cheveux blonds, elle laissait entrevoir la splendeur sculpturale de son corps aux courbes voluptueuses.

Nouvelle Vénus, elle irradiait de beauté.

Entourée de coquillages où brillait une perle, elle attendait que les dieux de l’amour viennent brosser ses longs cheveux.

Alors Florent, le jeune pêcheur tenta sa chance.

Il ôta ses vêtements, revêtit un pagne en coton d’Egypte tissé et brodé qu’il emportait toujours en cas de besoin.

Il s’élança vers le rocher où reposait la belle Mélusine.

Souriante, elle lui tendit une brosse dorée, ornée de dauphins et l’invita à plonger avec douceur dans la soie de ses cheveux.

Florent s’acquitta si bien de sa tâche que, pour le récompenser, Mélusine lui offrit un réticule de perles fines arrachées à la rivière.

Heureux de rapporter chez lui les perles de la richesse, Florent regagna la rive à la nage.

Mélusine retrouva ses jambes et vêtue comme une châtelaine, ses beaux cheveux brossés tombant en vagues blondes sur ses reins, elle rapporta un énorme bouquet de lys royaux pour justifier son escapade, rentra dans son château de Lusignan où un mari follement épris l’attendait pour presser contre lui son beau corps ardent.

Cette nuit-là , un enfant fut conçu et Mélusine demanda à son époux l’autorisation de le prénommer Amour.

Le petit prince grandit en beauté et en sagesse et un jour, en se promenant près de la rivière, il rencontra une enfant délicieuse prénommée Aurore.

Cette petite Aurore était la fille de Florent.

Il avait fortune grâce au don de perles de la sirène et avait pu prétendre à la reine de beauté de son village, Céleste aux mains d’argent.

Que ce conte s’étire comme le ruban merveilleux de la rivière qui attend un jeune audacieux pour affronter Mélusine, la sirène en mal d’amour !