dimanche 25 juillet 2021

La fée des enfants perdus

 


La fée des enfants perdus

Dans une perle sculptée en un palais de nacre orné de peignes de Vénus, de bénitiers colossaux et de conques marines, vivait la fée Ondine.

Les dauphins la saluaient, les sirènes lui décernaient leurs plus beaux chants et sur un tapis de coquillages adouci par une poudre de roche, les enfants égarés du monde entier, enveloppés dans des manteaux de laine doublés de soie, attendent patiemment que leurs parents viennent les réclamer.

Pour rendre ces instants plus heureux, la fée Ondine dépêche sur la plage des brigades d’elfes et de lutins pour assouplir les conditions imposées à tous ces orphelins de la mer.

Des vagues les ont arrachés à leurs parents embarqués sur des radeaux de fortune. Echoués sur la grève, seuls, grelottants, ils ont été heureux de voir se dérouler, pour eux, des tapis de bonheur.

Réchauffés, ils ont goûté des plats fabuleux, de la pastilla aux pigeonneaux et aux mandes, des gâteaux de riz et de semoule, des mille-feuilles à la crème et aux fraises, des brioches à la fleur d’oranger ainsi que des breuvages onctueux à base de lait, de miel et d’amandes effilées.

Le goût âcre et dur de l’eau de mer qu’ils avaient ingéré à leur corps défendant s’estompait grâce à tous ces mets et ces boissons vitaminés.

Une tente abrite les enfants à la tombée de la nuit.

Le lendemain, tous les enfants confectionnent des messages qu’ils confient à l’océan en les lestant de pièces d’or enfermées dans une bouteille sculptée en forme de voilier.

Pirogues, radeaux de balsa, felouques, barques vendéennes, voiliers aux fiers haubans sillonnent la mer pour que des parents retrouvent leurs enfants.

Les retrouvailles sont chaleureuses.

La fée Ondine ordonne que l’on prépare un banquet pour célébrer le bonheur des familles enfin réunies après des jours et des nuits d’angoisse.

Les orphelins qui restent essuient une larme mais après le départ des familles, la fée attribue à chaque enfant restant sur la grève une fée maternelle qui épanchera leurs larmes de chagrin.

Puis elle fait construire un palais à côté du sien.

Chaque enfant y aura sa chambre et il sera veillé par sa fée personnelle.

Une salle d’études, une salle de jeux, une bibliothèque et une salle de spectacle où les arts majeurs sont représentés, musique, danse, poésie, théâtre occupent un vaste espace où les enfants s’épanouissent, encadrés par des professeurs émérites.

Au fil des jours, des mois, des années, les enfants dont les parents n’avaient donné aucun signe de vie se résignèrent à vivre dans ce royaume dont la fée Ondine, pleine de bienveillance, assurait l’ordre et la sérénité.

Les dauphins et les sirènes veillaient scrupuleusement  à ce que leurs jeux, au cœur de l’océan, se déroulent sans incident.

Les premiers mariés de l’océan, Ambre et Aman optèrent pour une vie de pêcheur de perles et de dentellière.

Ils firent construire une jolie maison avec les matériaux locaux, du bambou, des roseaux et des coquillages.

D’autres couples se formèrent.

Des artistes, chanteurs, musiciens, danseurs, poètes et romanciers enrichirent la communauté pour la grande joie de la fée Ondine qui scruta l’horizon, chaque jour, dans l’espoir de ne plus jamais voir s’échouer sur la grève le moindre enfant perdu.

 

 

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