vendredi 16 juillet 2021

Trouble en " Mer" !

 



Dans le but de composer un beau bouquet de fleurs destiné à la Vierge Marie, Astrid s’en alla gaiement en direction de la « mer » de Fleur-Lez-Lys, un étang mystérieux dont les Allemands, durant l’occupation, ne purent sonder la profondeur.

Rendue à la sérénité, la « mer » attirait sur ses bords des pêcheurs invétérés qui se livraient une guerre sans merci sur les réseaux sociaux.

C’était à qui pourrait exhiber la plus belle carpe !

La mère d’Astrid attendit en vain son retour. Elle se rendit en bord de « mer », interrogea quelques pêcheurs présents sur les lieux mais ils furent formels : aucun d’eux n’avait aperçu la jeune fille.

Louise, la maman inquiète, eut à cœur d’explorer le carré de muguet dont Astrid lui avait parlé mais elle dut se rendre à l’évidence : l’herbe n’avait pas été foulée.

Louise cueillit machinalement un petit bouquet qu’elle offrirait à la Vierge Marie et à Saint Antoine de Padoue. Elle refit le chemin inverse en regardant partout s’il n’y avait pas d’indice du passage de sa fille.

La maison de l’artiste peintre Florian Mielnitchenko se trouvant sur la trajectoire géographique du parcours, Louise s’enhardit jusqu’à activer le heurtoir de la belle porte en chêne ornée de motifs floraux qui attiraient le regard, de bien loin.

Florian l’accueillit chaleureusement, s’exclamant joyeusement :

«  Vous m’apportez le muguet qu’Astrid m’avait promis. Mais pourquoi n’est-elle pas venue elle-même » ?

Inquiète au dernier degré par cette révélation et la confirmation d’une possible disparition inquiétante  de sa fille, Louise éclata en sanglots.

Florian la fit entrer, lui servit un café moka dont il avait le secret, mit le muguet dans un vase de cristal de Bohême qu’il tenait de sa mère et attendit patiemment qu’elle soit calmée pour être au fait du drame supposé.

Il téléphona au domicile des deux femmes et comme prévu, personne ne répondit.

Il prit donc l’initiative d’alerter le maire, le prêtre et enfin la gendarmerie.

Ensuite, il escorta la mère en détresse jusqu’à son domicile, entra dans la demeure à la demande de Louise qui redoutait le pire, constata qu’il n’y avait aucune trace de la jeune fille et proposa enfin de rester auprès de la jeune femme jusqu’au retour espéré de la belle Astrid aux yeux noisette ouverts sur un univers lumineux.

Louise était incapable de préparer un repas, c’est pourquoi Florian battit des œufs frais en omelette mousseuse qu’il agrémenta de champignons et de crème et tous deux mangèrent silencieusement, la gorge nouée par l’angoisse.

Louise était tétanisée, redoutant une macabre nouvelle et Florian se demandait s’il n’allait pas revivre la chasse aux sorciers dont il avait été la victime lors de l’assassinat d’Elisabeth.

Le maire de la commune, un brave homme, négociant en vins, accompagné par le curé, l’ancien vicaire du monde d’Elisabeth qui avait pris du galon. Paul Boué, aimable et débonnaire, avait été fortement impressionné par le crime perpétré par le bedeau de leur église, si insoupçonnable que personne n’avait songé à lui demander de présenter un alibi pour le jour du meurtre.

Depuis la mort d’Elisabeth, sous le pontificat de Jean XXIII, les modalités de la confession avaient évolué. Dorénavant, on s’entretenait en vis-à-vis et aux yeux de tous sans que personne ne puisse exploiter le désarroi d’un enfant ou d’une personne en détresse.

Les deux hommes étaient porteurs d’une relative bonne nouvelle. Certes, personne n’avait vu Astrid mais aucun cadavre n’avait été découvert et les hôpitaux des environs n’avaient reçu personne correspondant à son signalement.

«  Si demain, elle n’est pas réapparue, nous organiserons une battue avec les habitants de la commune. La gendarmerie a commencé les recherches ».

Sur ces paroles semi apaisantes, les deux hommes prirent congé.

Florian proposa alors à Louise de faire un tour dans la commune, en voiture.

Tous deux partirent dans la vieille Rolls Royce que la mère de Florian lui avait léguée, pensant qu’un artiste-peintre pourrait en exploiter toute la beauté.

Pour faire bonne mesure, elle avait légué à Victor, son frère jumeau, le bel hôtel particulier qu’elle possédait à Paris, où elle recevait les peintres de renom dont elle était la muse et le modèle.

Florian et Louise quadrillèrent toutes les routes du village en vain et ils finirent par rentrer chez Louise.

Une dernière exploration de la maison ne révéla ni la présence de la jeune fille ni le moindre indice probant de son passage.

Florian promit de revenir sans faute le lendemain pour épauler la jeune mère éperdue et il rentra chez lui, déterminé à tout entreprendre pour retrouver Astrid au beau visage étoilé.

Il écrivit une lettre circonstanciée à son ami Max Lambert, le priant de venir conduire une enquête qui s’avérait angoissante.

Si la jeune fille réapparaissait miraculeusement, ce qu’il souhaitait, il pourrait exploiter la venue de Max pour faire son portrait.

 

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