mercredi 21 juillet 2021

Le prince des sables et la rose des amours

 



Enveloppé dans son burnous bleu étoilé de diamants étincelants, le prince Nadir prit la route des sables.

La route de la soie puis celle des perles et enfin la route des roses offraient encore un peu de rêve et d’aventures à ceux qui attendaient le chemin de la voie lactée pour connaître des sensations conquérantes, à la manière de José Maria de Heredia.

Nadir était suivi, à bonne distance, par une escorte prête à passer à l’action si sa vie était en danger.

Mis à part les scorpions dont la piqure était instantanée et quasi mortelle, les périls s’avéraient minimes et le prince allait bon train.

Pour se distraire, il murmurait des bribes de poèmes, ceux qui s’étaient inscrits en lettres d’or dans sa mémoire et son amour d’une rose prodigieuse, destinée à provoquer une passion hors du commun, devenait une obsession langoureuse si bien qu’il s’endormait dans un état voisin de l’extase lors des haltes salutaires.

Retiré dans sa tente, il vit soudain apparaître une rose à taille humaine. Au fur et à mesure qu’elle s’approchait de lui, elle se défaisait de ses pétales et lorsqu’elle apparut, nue, à sa vue éblouie, il ressentit la morsure d’un amour si gigantesque qu’il faillit s’évanouir.

«  Je suis la rose des amours, lui dit l’étrange et fascinante apparition, je suis à la recherche du prince qui saura révéler au monde la puissance de ce monde onirique, parallèle, si éloigné des lamentations habituelles qu’il en paraît étranger alors qu’il est le seul qui vaille la peine d’être exploré ».

Revenu à lui, le prince trouva une preuve de la véracité de l’apparition en une rose de cristal, translucide et rutilante, posée délicatement à l’emplacement de son cœur.

Son fidèle serviteur la fit enchâsser dans un coffret d’ébène et muni de ce précieux trésor, le prince poursuivit sa route dans le désert, affrontant des collines de sable et des oueds pleins de charme où des ondines apparaissaient pour lui servir les trésors de la terre, naturels ou cuisinés avec délicatesse : tajines, méchouis, dattes fourrées aux amandes, pastillas aériennes et fruits fabuleux se succédèrent en une ronde magique et gourmande.

Lors d’une halte dans un oued plein de ressources, un génie lui apparut et il lui demanda, comme un service, de faire jaillir des sources d’eau vive à la place du pétrole qui défigurait les paysages et diffusait des nuisances porteuses de maladies terribles qui s’en prenaient aux habitants de la terre , riches et pauvres sans distinction.

«  j’aimerais obtenir ces pouvoirs mais hélas je ne suis qu’un prince et depuis que les perles se sont raréfiées et que la soie a été supplantée par des textiles nouveaux, le pétrole qui se raréfie d’ailleurs, est la ressource principale de pays qui n’ont pas connu les richesses industrielles fondées sur le charbon, l’acier et la métallurgie triomphante qui a régné sur le monde occidental ».

Le génie disparut dans un nuage couleur safran et la rose magique quitta son écrin d’ébène pour apparaître à nouveau, vêtue de voiles qui soulignaient sa beauté.

«  Mon prince, allons de ce pas, délivrer le monde. Je serai toujours à tes côtés, invisible aux yeux étrangers et nous dispenserons les effluves de l’amour prodigieux qui unit les peuples au lieu de les diviser ».

Le prince Nadir, délivré d’un grand poids, fit volte-face, sa rose sur le cœur et il rentra en son palais pour prendre des dispositions efficaces destinées à retarder les effets nuisibles de l’industrialisation et rendre au monde une part de sa beauté initiale, à l’image du jardin d’Eden !

 

 

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