Secondée par les lutins, les elfes et les petites fées de la
forêt, les dryades, la fée Rubis procéda à un tri des préparations culinaires
des concurrents au titre poétique.
« Nous pourrons réaliser un magnifique banquet gourmand
avec toutes réalisations somptueuses » dit la fée puis elle distribua une
liasse de poèmes en conservant un bon tiers pour elle.
Chacun se plongea dans la lecture des éloges du bois d’amour
dont la fée Rubis était l’âme ardente. L’étude des poèmes s’accompagnait de
pauses gourmandes au cours desquelles on savourait les préparations forestières
des poètes. Chacun admirait dans ces participants l’art d’allier l’emploi de la
plume et du chaudron.
Rubis apprécia le texte d’un concurrent :
« Fée d’amour, fée du bois ardent, Rubis qui étincelle
au tréfonds de notre âme, je t’offre mon cœur, palpitant au vent léger comme le
papillon qui va de fleur en fleur pour semer la rose de la poésie, ton
incarnation.
Allongé sur un lit de mousse, je tends les bras, aspirant à
effleurer l’orient de ton corps ô combien désirable qui se dérobe pour mieux s’offrir
à l’amant de cœur qui obtiendra la palme de prince de l’amour.
Parfois je capte une caresse sur ma joue et je m’embrase tant
que je quitte ma couche de fougères craignant d’y mettre le feu.
Le rougeoiement des feuilles d’automne s’harmonise avec le
chant d’une Vestale prêtresse de l’aurore aux pétales de roses feu.
Je dépose à tes pieds, ô ma reine d’amour, la flamme incandescente
de mon être qui ne vit que pour toi ».
Rêveuse, la fée Rubis découvrit le nom de l’illustre inconnu
qui avait réveillé les désirs révolus de sa jeunesse.
Il s’agissait de Mérovée du Hainaut, seigneur féodal qui
régnait sur une province où fleurissaient les pommiers.
Elle se prit à rêver de prairies verdoyantes où sommeillaient
des divinités attachées au culte du dieu Apollon.
Peu importe le gagnant du concours pensa-t-elle, je me
rapprocherai de Mérovée du Hainaut car il a réveillé l’amante qui dormait en
moi !