jeudi 6 novembre 2025

Le géant blond au regard d'enfant

 


Pétri d’un amour qui ne demandait qu’à éclore, Johnny rêvait de paradis et il allait, à l’aventure, chercher la clef du bonheur d’enfance perdue.

Posant un regard inquiet sur Sylvie, si féerique dans sa robe de mariée, il semblait se demander si cette irréelle beauté n’allait pas se fracasser sur le rocher de son identité.

Les jours se sont emballés, David est né et l’hallali des passions incandescentes, inadaptées à la vie de scène, a fait retentir un cruel clap de fin.

Qu’il est difficile d’aimer et d’être aimé quand on se nomme Johnny Hallyday et qu’on ne s’appartient plus puisqu’on est adulé par un public fervent, attaché à sa personne de manière christique par des liens et des cœurs d’amour !

mercredi 5 novembre 2025

Mérovée du Hainaut

 



Le duc du Hainaut était un homme actif : pêche, chasse, rimes en chambre et écriture romanesque étaient son quotidien.

Un jour, dans un bois domanial, il aperçut une fée dansant avec une telle grâce qu’il en tomba amoureux. Il voulut lui présenter ses hommages mais la fée s’évapora, laissant derrière elle un parfum de rose et de jasmin.

Imprégné par ces fragrances féeriques, Mérovée du Hainaut rentra dans son château, relut La Grande Encyclopédie des fées de Pierre Dubois, espérant trouver la trace de sa dame d’amour. Ne voyant rien qui s’apparente à sa vision, il se laissa aller à la rêverie, ne se nourrissant que des produits de la forêt, poêlée de cèpes et autres champignons, bécasses rôties, rayons de miel sauvage et tartes aux fruits rouges.

L’annonce du concours de poésie lui rendit son allant.

Il écrivit son texte avec ferveur, commanda un gâteau cuit à la broche à son chef cuisinier et expédia le tout à l’adresse donnée par la fée Rubis.

Apprenant qu’il faisait partie des « nominés », il se prépara méticuleusement pour paraître à son avantage : tenues d’apparat mettant en valeur sa silhouette virile, manteau de zibeline et toque assortie, bottes en cuir de Russie furent entreposés dans une malle contenant des chemises de soie, des pulls de laine mohair et du linge de corps ainsi que des produits d’hygiène et de parfumerie.

Il apportait un cadeau, robe vaporeuse couleur safran et parures précieuses à base d’or, d’ivoire, diamants et pierreries lumineuses.

Son carrosse s’ébranla et lorsqu’il arriva dans le domaine de la fée Rubis, il ne passa pas inaperçu.

Plus d’une belle sentit son cœur battre dans sa poitrine à sa vue mais il ne répondit à des avances muettes que par un sourire convenu.

Il rêvait de voir apparaître l’objet de ses pensées et de ses désirs, la fée Rubis pour qui il éprouvait une dévorante passion.

mardi 4 novembre 2025

La fée Rubis

 

 



Secondée par les lutins, les elfes et les petites fées de la forêt, les dryades, la fée Rubis procéda à un tri des préparations culinaires des concurrents au titre poétique.

«  Nous pourrons réaliser un magnifique banquet gourmand avec toutes réalisations somptueuses » dit la fée puis elle distribua une liasse de poèmes en conservant un bon tiers pour elle.

Chacun se plongea dans la lecture des éloges du bois d’amour dont la fée Rubis était l’âme ardente. L’étude des poèmes s’accompagnait de pauses gourmandes au cours desquelles on savourait les préparations forestières des poètes. Chacun admirait dans ces participants l’art d’allier l’emploi de la plume et du chaudron.

Rubis apprécia le texte d’un concurrent :

«  Fée d’amour, fée du bois ardent, Rubis qui étincelle au tréfonds de notre âme, je t’offre mon cœur, palpitant au vent léger comme le papillon qui va de fleur en fleur pour semer la rose de la poésie, ton incarnation.

Allongé sur un lit de mousse, je tends les bras, aspirant à effleurer l’orient de ton corps ô combien désirable qui se dérobe pour mieux s’offrir à l’amant de cœur qui obtiendra la palme de prince de l’amour.

Parfois je capte une caresse sur ma joue et je m’embrase tant que je quitte ma couche de fougères craignant d’y mettre le feu.

Le rougeoiement des feuilles d’automne s’harmonise avec le chant d’une Vestale prêtresse de l’aurore aux pétales de roses feu.

Je dépose à tes pieds, ô ma reine d’amour, la flamme incandescente de mon être qui ne vit que pour toi ».

Rêveuse, la fée Rubis découvrit le nom de l’illustre inconnu qui avait réveillé les désirs révolus de sa jeunesse.

Il s’agissait de Mérovée du Hainaut, seigneur féodal qui régnait sur une province où fleurissaient les pommiers.

Elle se prit à rêver de prairies verdoyantes où sommeillaient des divinités attachées au culte du dieu Apollon.

Peu importe le gagnant du concours pensa-t-elle, je me rapprocherai de Mérovée du Hainaut car il a réveillé l’amante qui dormait en moi !