mardi 23 décembre 2025

Le petit renne du Père Noël

 



Dans son palais de glace, le père Noel trépignait d’impatience. Les jours passaient trop lentement à son gré : il avait hâte de partir avec ses rennes dans son traineau garni de fourrures et chargé de jouets pour offrir aux enfants de quoi rêver toute une année, jusqu’au Noel suivant.

Des adultes méritants ne seraient pas oubliés et cette année 2020 particulièrement éprouvante pour les habitants de la terre du fait d’un virus persistant, avait été terrible pour les gens modestes.

Cette année-ci, foi de Père Noel, les pauvres ne seraient pas oubliés.

Des centaines de traineaux volants tractés par des chevreuils contenant des tentes, yourtes, cabanes sophistiquées en kits pour vivre dans les arbres, des sacs de farine, de sucre, des tonnelets de miel d’acacia, de cervoise et de jus de fruits, du lait, de la crème et des œufs, poules et cailles, conduits par des cochers énergique et dirigés par des maîtres-lutins, déposaient, çà et là, dans la nuit, les cadeaux destinés aux sans-abris.

Quelle joie pour ces malheureux de découvrir, à leurs pieds, des cadeaux qui allaient leur permettre de retrouver figure humaine, chaleur et bonheur !

Le père Noel recevait des messages envoyés par les maîtres-lutins, leur rendant compte des missions accomplies.

Ragaillardi par les bonnes nouvelles, le père Noel alla rendre visite à ses rennes qui vivaient dans un enclos spacieux, sous bonne garde.

Bien lui en prit car un véritable drame s’était produit dans le troupeau.

Samy, le petit renne, connu pour son intelligence, son goût pour les facéties et son bon cœur avait disparu !

On crut d’abord à l’une de ses farces et on le chercha dans toutes les cachettes où il avait coutume de se dissimuler mais il fallut se rendre à l’évidence : Samy restait introuvable et l’on commençait à redouter un enlèvement.

L’émotion était à son comble !

Son père, Aster, le chef du troupeau, celui qui emmènerait le père Noel dans sa tournée autour du monde, en pole position, demandait à chacun d’émettre une hypothèse ou de révéler un indice qui pourrait conduire à la résolution de l’énigme.

Fleur promettait un banquet à qui lui rendrait son chérubin, son petit dernier, son fils chéri et ses beaux yeux s’embuaient de larmes à l’évocation de son petit renne adoré, celui qui prendrait certainement la relève d’Aster lorsque ce dernier déciderait de rester dans l’enclos, offrant son étoile de chef à qui le mériterait le plus !

Or, tandis que le branle-bas total régnait dans l’enclos, Samy n’était pas loin et ne se doutait pas de l’émoi provoqué par sa disparition.

Un papillon multicolore et gigantesque avait attiré son attention. Profitant d’un moment de distraction de sa mère, Fleur aux beaux yeux noisette, il s’était faufilé derrière le soigneur venu nourrir le troupeau.

Sans bruit, ses petits sabots étouffés par les fleurs des steppes, Samy avait aperçu, dans une clairière, une jolie maison de pain d’épices, toute semblable à celle qui ornait son livre de contes.

« Pas si bête » se dit-il, je ne vais certainement pas être pris au piège de la sorcière qui me transformerait, au final, en rôtis et sautés de viande au vin rouge et aux baies noires.

Mais sa curiosité l’emporta sur la prudence et il poussa la porte aux senteurs de genièvre, de cannelle et de safran.

Une pimpante petite fée, en costume savoyard, lui souhaita la bienvenue.

Elle lui chanta une romance et lorsqu’il s’éveilla, il était emprisonné dans un filet.

Plus de fée costumée, une m méchante sorcière ! Ce qu’elle lui dit lui arracha une larme, en dépit de sa vaillance !

«  Tu connais le tarif, petit, tu finiras en ragoût que je mettrai en bocaux pour être sûre de passer l’hiver sans éprouver la faim ».

Elle disparut en poussant un cri horrible et chevaucha un balai au clair de la lune apparue à la fenêtre de la maison ensorcelée.

Samy observa les lieux, décidé à fuir.

Alors que la situation semblait désespérée, un petit écureuil apparut et se mit en devoir de ronger le filet qui l’emprisonnait.

Il eut bientôt fait de créer un sas de sortie et Samy s’employa à s’extraire de sa prison.

Il remercia l’écureuil en lui offrant le contenu d’une bonbonnière que la sorcière avait garnie en pensant attirer des enfants.

Noix, noisettes et amandes firent le bonheur de Crosny, l’écureuil salvateur.

Pressé de quitter ces lieux ensorcelés, Samy invita Crosny à grimper sur son dos avec son baluchon de fruits secs, prit une rose noire dans le jardin de la sorcière pour l’offrir à sa mère et se dirigea résolument vers son enclos protecteur.

Il fit ainsi la rencontre du Père Noel à qui il présenta Crosny comme son sauveur.

Le Père Noel lui promit une petite maison dans un arbre en guise de remerciement puis il annonça à Samy qu’il l’emmènerait dans son traîneau la nuit de Noel, à ses côtés.

Fleur «était si heureuse de revoir son petit renne qu’elle arbora la rose noire à son collier de reine de Laponie.

La nuit magique arriva. Le traîneau, chargé de cadeaux, eut à son bord le maître de la magie de l’enfance, accompagné de Samy qui promit solennellement de ne plus jamais s’échapper de son enclos !

 

 

Le fils du fleuve

 

 

  

Naviguant sur le fleuve dont il se sentait proche, Johnny laissait le vent soulever ses cheveux. Le mythique bateau à roues à aubes fendait les flots du Mississippi et Johnny sentait monter en lui les Negro Spirituals  qui étaient nés sur le rivage  symbolisant la révolte de l’esclave Jim brossé à grands traits par Mark Twain dans Les aventures de Tom Sawyer.

«  C’est un Noël pour les enfants perdus

Pour tous ceux qui n’y ont jamais cru

C’est un Noël pour les chiens sans collier

Pour ce gosse de la rue que j’étais

Noël de ma vie, mon Noël interdit

J’aurais tant aimé croire à l’histoire

Mais mon cœur d’enfant était déjà trop grand

Et mes rêves emportés par le vent ».

En véritable fils du fleuve, Johnny chanta pour les enfants délaissés, les orphelins et les petites victimes de la guerre.

Son cœur s’emplit d’amour et les goélands emportèrent la chanson qui fit le tour du monde.

Cristal d'amour

 

 


«  Dans un coin perdu de montagne

Un tout petit savoyard

Chantait son amour

Dans le calme du soir

Près de sa bergère au doux regard ».

Une étoile fascinante d’une luminosité féerique attira le regard de Vincent qui marcha longtemps dans l’espoir de l’atteindre et de la cueillir comme l’edelweiss des amants :

«  Etoile des neiges

Mon cœur amoureux

S’est pris au piège

De tes grands yeux

Je te donne en gage

Cette croix d’argent

Et de t’aimer toute ma vie

Je fais serment ».

Tout en chantant, Vincent parvint à un chalet où brillait une croix d’argent comme dans la romance.

Plein d’espoir, il poussa la porte et découvrit la fée du bonheur sous les traits d’une bergère vêtue comme Heidi.

Il l’embrassa et vécut d’exceptionnels moments d’amour, porté par les ailes ancestrales des angelots du ciel.

Le Temple

 



Mes parents n'avaient pas d'amis dans notre village, juste des relations et la plus intéressante, à mes yeux, était une fabricante de meubles, veuve et chef d'entreprise d'une grande clairvoyance. Elle conduisait ses affaires de main de maître et lorsqu'elle se déplaçait, vêtue invariablement d'une blouse blanche, on entendait le bruit de billets de banque qui crissaient dans l'une de ses poches.
Parfois elle s'excusait auprès de nous et s'éclipsait dans la cuisine pour boire un café avec l'un de ses ouvriers et immanquablement, après des recommandations diverses et des questions habiles sur la famille, elle glissait un billet en précisant qu'il fallait le mettre sur le carnet d'épargne et se garder des syndicalistes ! Papa n'était pas oublié lors de la distribution de billets : grâce à son talent épistolaire, il s'était attiré ses faveurs et rédigeait à sa demande une missive élégante pour servir ses intérêts et du reste personne n'était oublié, il y avait un billet pour moi, d'autres pour ses petits fils qui venaient en coup de vent lui souhaiter le bonsoir. Quant à Maman , elle recevait des œufs, du beurre , des coupons de tissu et d'autres cadeaux qui lui permettaient de vivre mieux.
Cependant ce qui me la rendait unique et adorable, c'était sa connaissance approfondie de la Bible : elle nous en lisait des extraits ou nous résumait certains épisodes assez longs, l'histoire de Joseph par exemple et par ailleurs elle commentait des faits en nous livrant son interprétation avec enthousiasme . Mes parents n'étaient guère passionnés mais ces lectures et commentaires me comblaient de bonheur. Elle s'en rendit compte puisque je suis la seule personne de la famille à qui elle ait offert une bible !
Et je la lisais passionnément le soir, tâchant de comprendre l'entrelacs de tous ces textes. L' histoire de David et celle de Samson me plaisaient énormément mais parfois je lisais des textes qui me semblaient obscurs et étranges ! Je n'avais que dix ans il est vrai !
Madame Veuve César Lambert, tel était son nom, fit ériger un Temple dont elle paya tous les frais !
Elle fut ma "première morte" : ensevelie dans sa fameuse blouse blanche et portant une liseuse qu'elle avait confectionnée de ses mains, elle était immobile et je m'attendais toujours à ce qu'elle se lève et me sourie mais hélas il n'en fut rien et je repartis, le cœur lourd et la tristesse au coin des yeux