lundi 18 août 2025

De fontaine en chapelle

 

 

 


Après une bonne nuit étoilée et fleurie, Marie-Laure prit un petit déjeuner copieux qui lui permettrait de tenir une partie de la journée, paya sa note qui s’avérait raisonnable et après avoir remercié l’hôtesse prit le chemin de son pèlerinage personnel.

Elle fixa ses haltes aux fontaines et aux chapelles avec une préférence marquée pour les lieux consacrés à Sainte Quitterie. Cette princesse burgonde convertie au christianisme avait refusé une union avec un prince non croyant. Ce refus lui avait valu des représailles et si l’on en croit une légende hagiographique, la décapitation. Sur les lieux de son supplice, une source jaillit. Chaque village voulut avoir sa fontaine ou sa chapelle votive et une ville, Aire sur Adour lui consacra une cathédrale.

Marie-Laure alla donc d’une fontaine à une autre, s’arrêtant dans les chapelles et les églises pour y prier.

Elle fut finalement récompensée par ses efforts et sa croyance en trouvant près d’une fontaine cachée au fond d’un bois, un églantier resplendissant de fleurs parfumées d’un rose délicat. Les églantiers étaient à l’origine de la roseraie de La Jalousie dévastée par une tempête. Elle songea que des boutures de l’églantier Quitterie pourraient suppléer aux rosiers défunts.

Elle écussonna le buisson d’églantines et dans la cité la plus proche elle procéda à un envoi express destiné à Julien, son jardinier, le priant d’obtenir des boutures du buisson miraculeux.

Le cœur léger, elle poursuivit sa route, espérant une nouvelle trouvaille.

Cette fois, elle rencontra une personne passionnée par l’élevage des poules et des coqs de qualité. Elle fut invitée à admirer toutes sortes de gallinacés, allant d’un coup de cœur à un autre :

«  Je les voudrais tous avoua-t-elle à la personne qui gérait ces merveilles, ne ménageant ni son temps ni sa peine.

C’est ainsi que naît une grande passion lui répondit la prêtresse des lieux mais sachez qu’ensuite on est tributaire de la bonne forme de tout ce petit monde ».

Marie-Laure promit de reprendre contact avec elle une fois qu’elle aurait fait construire un poulailler digne d’accueillir de si beaux spécimens puis elle poursuivit sa route , espérant ne pas faire de mauvaise rencontre.

Il y avait des renards apparemment car il leur arrivait de ravager les poulaillers, décapitant impitoyablement les coqs qui voulaient protéger leurs dulcinées.

Parvenue au bord de l’océan, elle mangea du poisson frais en marinade, des moules à la plancha dans des établissements pratiquant à la fois la pêche, la vente et la restauration.

Ce bain de fraîcheur achevé, Marie-Laure prit la route du retour, pleine d’espoir pour le renouveau de sa belle Jalousie qui s’éveillerait bientôt au chant du coq et resplendirait d’une roseraie digne du jardin d’amour des belles médiévales.

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