samedi 21 décembre 2013

La ronde des saveurs





Au « temps de ma jeunesse auquel j’ai plus qu’autre gallé » comme le chantait si bien le poète François Villon, on parlait de poésie, de philosophie, d’idéal métaphysique, bref on refaisait le monde en espérant qu’il soit plus juste et plus beau.
Aujourd’hui de nombreux jeunes n’ont qu’un rêve, la réussite à tout prix ! Des rivières d’argent semblent couler dans leurs veines et leur idéal passe par les médias, jeux, danses, chansons et surtout une folle passion pour la, gastronomie ! Des émissions phares réservées à la cuisine, Top Chef, Master Chef, Le meilleur pâtissier de l’année, le meilleur boulanger, Dans la peau d’un chef, Un dîner presque parfait pulvérisent les audiences et le mot « chef » claque comme l’étendard de la France.
Au fil de ces émissions, j’ai assisté à des scènes étonnantes : les recettes de nos grands-mères sont méprisées et le fin du fin consiste à déstructurer des plats qui étaient pourtant bien réalisés et excellents en goûts ! Les épices des quatre coins du monde sont sollicitées, on doit respecter un équilibre entre le savoir-faire ancestral et l’innovation.
Nos contemporains, certains du moins, refusent de manger du lapin : c’est un animal de compagnie. La langue de veau choisie par ma mère lors des fêtes est bannie des menus de même que le fameux coq au vin de ma grand-mère ! Fi de la campagne et de ses plats dégoûtants !
Les assiettes doivent raconter une histoire et la moindre petite erreur dans le dosage du sel devient rédhibitoire et jette le candidat malheureux dans l’opprobre !
Ce qui est surtout terriblement choquant lors de ces joutes gastronomiques c’est l’abondance et l’extraordinaire fraîcheur des produits dont on ne retiendra que quelques feuilles pour une salade ou un suprême de volaille. Que deviennent les restes ? Je n’ose y penser …
Et pendant ce temps, des français, de plus en plus nombreux, connaissent la misère et la faim. Les restos du cœur créés par Coluche « moi je file un rencart à ceux qui n’ont plus rien » ont bondi jusqu’au million !
Dans son dernier grand film, Guillaume Depardieu accompagné du petit Max, interprète un rôle bouleversant, celui d’un SDF qui vit dans les bois de Versailles. Tout près du château fabuleux du Roi Soleil, des miséreux se terrent. Leur seul rêve c’est d’arracher le petit Max à la ronde infernale qui va de la misère à la prison. Le héros adulte savonne le petit à l’eau froide des fontaines, le nourrit comme il le peut et n’oublie pas de lui ouvrir la porte des rêves en l’emmenant sur le grand escalier du château et en lui expliquant que le valet costumé est là pour lui prêter secours un jour !
Un soir, par défaut, Guillaume et Max fouillent dans les poubelles d’un hypermarché pour trouver des yaourts ou du pain mais les lèvres de Max deviennent bleues car le contenu des poubelles a été passé à l’eau de javel par mesure de prudence de la part de la direction !
C’est pourtant Max qui sauvera son père adoptif, victime d’une crise cardiaque en allant chercher le laquais d’opérette du château ! Ce film m’a bouleversée et je l’ai regardé autant de fois qu’il est passé sur l’écran. Versailles : film à ne jamais oublier !
Sous la fiction la triste réalité affleure ! Alors, Français, en savourant la dinde ou le chapon de Noël, pensez à tous ces malheureux qui ne font qu’un repas par jour et qui risquent de mourir dans la rue, sous un abri de carton !

2 commentaires:

  1. Bonjour Daisy, comme je te retrouve dans ce texte sur notre monde actuel' si dur, si insensible a la misère, et si terriblement injuste ....
    Je ne regarde jamais ces émissions de cuisine ou les protagonistes sont humiliés, ou le gaspillage fait loi et la cuisine de nos mères et grands mères méprisées ........
    Comme notre monde est devenu futile, indifférent individualiste .... Je suis dégoûtée tous les jours a écouter les actualités on se croirait dans une cour de maternelle !
    Très contente de t avoir lue et d être passée sur ton blog
    Je t embrasse très fort
    Annie

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  2. Je suis heureuse que tu te sois attardée sur ce texte que j'ai écrit avec tout mon cœur ! Nous avons beaucoup appris dans notre rue et notre environnement familial!
    Comme toi je suis déçue par la dérive de notre monde qui a perdu ses valeurs ; c'est pourquoi je continue à écrire envers et contre tout !

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