vendredi 19 février 2016

Les princes de l'ombre





 


Ils surgissent avec la vivacité du poète qui hume le vent et décrit les nuages or ce n'est pas un livre ou un carnet qu'ils ont dans leur poche mais un couteau à cran d'arrêt luisant sous la lune, les princes de l'ombre !
Malheur à celles qu'ils croisent sur leur chemin car avec un compliment de quatre sous, ils les feront crier de joie, de plaisir puis de douleur si aisément qu'elles se demanderont ensuite si elles n'ont pas vécu dans l'illusion de ce drame au quotidien.
Mises sur le pavé avec une tape sur les fesses qui se veut la marque du maître, ahuries, hébétées, elles tâcheront d'aguicher un homme, n'importe lequel, vieux, jeune, voire infirme pourvu qu'il lui donne de l'argent.
Sans ces billets, elles seront punies, battues, flétries, caressées à la pointe du couteau pour leur apprendre à vivre et à mieux se comporter pour se faire aimer.
Afin d'échapper à la punition suprême, l'abattage, elles rivaliseront de coquetterie, apprendront des postures obscènes, se régaleront de champagne et de chocolat pour repartir vaillamment au combat.
Pendant ce temps, les princes de l'ombre rentreront chez eux mais avant de franchir le seuil de leur belle demeure cossue où les attend une femme aimante et douce, ils se changeront dans l'un de ces appartements destinés aux joutes d'amours barbares et en ressortiront, vêtus avec élégance, un camélia à la boutonnière;
Plus de bottes qui glissent sur les pavés à la façon de serpents mais des chaussures de mondain embourgeoisé.
Ils passeront une excellente soirée, dormiront comme des princes, vivront une belle journée apaisée tandis que les créatures de la rue dormiront quelques heures dans un bouge puis compteront l'argent gagné avec angoisse.
Méfiez-vous, jeunes filles, des princes de la nuit car leur sourire est trompeur et leur beauté cache d'obscurs dragons prêts à cracher le feu.

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