dimanche 20 mai 2018

Un mariage princier


Un mariage princier
Alors que les moindres gestes du couple élyséen étaient scrutés à la loupe, le tic aristocratique étant particulièrement banni pour être le contresens d’une république reposant sur des principes d’égalité, certaines personnes se félicitaient du déploiement d’un faste princier outre-manche.
Ce pays était pourtant le premier à avoir inscrit le Habeas Corpus dans ses principes législatifs et avait donné le la au monde sur le plan de la démocratie.
Si l’on en croit les images de la liesse populaire constatée à Windsor, devenu en ce jour le centre du monde, il n’y avait aucune place laissée à des contestataires, tous les Britanniques se ralliant à leur hymne, God save the king, et les valeurs intrinsèques à ce peuple qui avait dominé le monde.
On attendait la calèche princière avec fébrilité.
La robe de mariée, son élégance, ses symboles étaient au cœur de toutes les hypothèses et chacun de retenir son souffle pour décrypter, en temps voulu, ce morceau d’anthologie.
La robe de Kate Middleton, sobre et d’une rare élégance avait marqué les esprits.
Curieusement, le royaume de France était associé à cette robe de princesse. En effet, les ouvrières d’une manufacture des Hauts de France située à Caudry dont les métiers Jacquard produisaient un tulle apprécié de par le monde, avaient travaillé à une gigantesque pièce dans le plus grand secret, cette dernière étant achetée par une couturière anglaise qui coupa la robe et la traîne ainsi que le voile dans cette matière aérienne à nulle autre pareille, la rendant typiquement anglaise, ce qui était une véritable performance et témoignait d’un art consommé.
Selon l’étiquette royale, Meghan, se devait de ne pas éclipser sa belle-sœur afin de respecter la hiérarchie dynastique mais par ailleurs, on attendait de la star venue d’Amérique et des états révoltés pour avoir refusé de payer une taxe excessive sur le thé, une flamboyance particulière et l’expression d’une personnalité hors du commun.
Dans cette attente, les badauds, triés sur le volet, arborant l’ Union Jack sous toutes ses formes en hommage à leur patrie, se contentaient d’admirer la procession des invités habilités à assister à la cérémonie dans l’abbaye millénaire.
Queue de pie ou kilt pour les hommes, robe et chapeau pour les dames, tout était somptueux et le soleil, de plus, était de la partie, reléguant le fog à la légende.
L’aristocratie britannique se mêlant aux stars du show-bizz, on ne distinguait aucune figure du monde politique, catégorie pourtant essentielle à la marche des états étant curieusement ostracisée.
Dans cette foule huppée, présentant un large spectre de la société vivant dans une aisance notoire, comptant également des représentants d’associations visant à adoucir douleurs, blessures, handicaps relevant de la guerre, de la pauvreté ou d’une particularité génétique, on ne voyait aucun représentant d’un pays voisin , le nôtre, réputé pour manger des cuisses de grenouille et des escargots.
Il y a pourtant, chez nous, des acteurs célèbres, alliant même parfois la baronnie à un talent reconnu.
On pouvait noter également l’absence des chevaliers d’industrie pourtant nécessaires à la conquête de ces fabuleuses tenues de cérémonie, sans parler des joailliers qui avaient exercé leur savoir-faire dans la création de bijoux et d’accessoires de toilette, les perles et les diamants se mêlant souvent  aux soieries et aux voilages, voire aux voilettes vaporeuses.
Après un ballet de rolls amenant les notabilités princières et royales, la mariée fit son entrée dans la chapelle Saint George de l’abbaye, répondant à toutes les attentes les plus enfiévrées, sa traîne portée par les enfants princiers.
Rayonnante après avoir ôté son voile soutenu par un diadème étincelant, Meghan la belle apparut dans tout son éclat, aux côtés de son époux après l’échange des serments. Le prince Harry si longtemps perçu comme un prince turbulent et rebelle, toujours pardonné car chacun le revoyait, enfant, derrière le cercueil de sa mère, tragiquement disparue, fut ce jour-là, mémorable, un homme heureux.
La robe était à la fois somptueuse et simple, d’une élégance toute en retenue, la maison Givenchy, privilégiée jadis par Audrey Hepburn, ayant travaillé à la réussite de ce jour, la French Touch ! On pouvait citer également à notre fierté cocardière la maison Cartier pour la création des bijoux !
Le diadème, plus exactement la tiare, avait appartenu à la Reine Mary, arrière-grand-mère du  prince et le voile de la mariée avait été subtilement brodé de symboles floraux relatifs au Commonwealth, ce qui ne s’était encore jamais vu.
Quelque chose de neuf, quelque chose de vieux, emprunté, et quelque chose de bleu de par la présence de myosotis dans le bouquet de la mariée, les usages étaient respectés. De plus la fleur de myosotis appelée Forget me Not en langue anglaise était le clin d’œil subtil adressé à Diana, jamais oubliée par deux fils aimants.
L’homélie du chef de l’église anglicane américaine, Michael Bruce Curry fut remarquable. Il n’oublia rien, ni l’esclavage indigne consenti par une partie du monde aux dépens de l’autre, au nom de l’argent ni surtout, en opposition, l’amour sacrificiel du Christ qui s’offrit pour que rayonne la paix dans le cœur des hommes, dans tous les territoires.
Très passionné et convaincant, cet homme de Dieu termina sa tirade enflammée par une allusion au sacrifice de Martin Luther King incluant une citation du prédicateur. Cet apôtre des temps modernes apparut comme le lien de deux mondes que tout semblait opposer pour une simple couleur de peau !
Pour faire écho à ce rappel utile des anomalies passées, un chœur de femmes noires entonna un chant d’amour, sous la donneuse de rythme, également noire.
Ces symboles visibles dans la chair scella ce magnifique mariage, faisant de cet événement, en apparence futile, un ancrage futuriste pour que le monde ancien perclus de vicissitudes injustes éclate au profit d’un ordre nouveau dont la modernité s’illuminera d’amour et d’espérance.

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