jeudi 4 août 2016

Propos de poupées


   
Un méchant monsieur a tué ma poupée, blessé ma maman et sali ma jolie robe. A présent, je suis toute seule et je ne sais pas où aller Et toi ?
L'enfant ainsi interpellé répondit : je suis tout seul aussi. Ma grand-mère s'est jetée sur moi pour me protéger et elle a été écrasée par le camion. On l'a emmenée à l'hôpital mais je crois qu'elle est morte et je ne sais pas non plus où aller.
Les deux enfants se prirent par la main et marchèrent le long du tapis de fleurs qui bordait la baie des anges.
Nice était une si jolie ville, réputée pour son carnaval, ses mimosas et la célèbre promenade des Anglais, ainsi nommée pour l'afflux des insulaires qui venaient gouter aux délices de la cité de tous les rêves.
Aujourd'hui, on en retient la barbarie scélérate du crime perpétré contre une nation fière de son passé et de sa démocratie républicaine.
Qui lui rendra son honneur perdu et sa beauté particulière aux couleurs du corso?
Des orphelins qui ont échappé au massacre s'offrent leurs souvenirs en guise de geste d'amitié.
Je t'achèterai une poupée, je te le jure et tu auras de jolies robes dit un enfant aux yeux sombres. Mais qui es-tu dit la petite fille aux joues roses ? Pour l'instant, je n'existe pas répondit l'enfant tristement car le méchant monsieur qui a fait tant de mal, c'est mon père ! Comment les assassins peuvent-ils avoir des enfants dit la petite Eva à la robe tachée de sang ? Peut-être parce que les enfants devront réparer les fautes commises...Mais tu n'y es pour rien dit Farid qui n'avait du la vie qu'à son héroïque Grand-mère. Tu n'avais pas demandé à naître !
C'est vrai mais je suis là et foi de Fouad, je multiplierai les dons d'amour pour effacer un peu tout ce sang versé en pure perte et les trois enfants disparurent dans la foule, en proie aux larmes et aussi hélas à la haine.
Ils donnèrent des roses et le sourire de leur union fraternelle.

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