dimanche 4 novembre 2018

Miroir, mon beau miroir


Miroir, mon beau miroir
Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle, mais le miroir restait muet alors la princesse le brisa et il y eut une multitude de fragments éclatés sur le sol dallé de marbre du palais et c’est ainsi que la princesse se blessa et que son sang se répandit sur les dalles, se transformant en pavots qui éclatèrent comme des soleils.
Une jeune paysanne en fit de beaux bouquets qu’elle alla vendre en ville le jour du marché et il se trouva un prince pour les lui acheter : il voulait un présent rare et charmant pour séduire une dame de cœur et cela convenait à merveille. Ces fleurs étaient si belles qu’il semblait qu’une bonne fée les eût conçues pour ensorceler une dame en mal d’amour !
Le prince Aymé alla porter ce bouquet à la demoiselle qui parlait à son cœur et il joignit un parchemin d’amour lesté d’un rubis précieux mais ô surprise, le présent se transforma en un miroir magique et merveilleux et il se mit à parler à la belle qui se conforma à ses conseils.
Vêtue d’une robe majestueuse et simple à la fois, elle envoya au prince des baisers ardents du haut de son balcon, alors qu’il passait, à cheval, près de sa demeure et elle se laissa choir élégamment pour se retrouver en selle, derrière lui. Elle se serra contre celui qu’elle avait reconnu pour être son fiancé et ils allèrent jusqu’au palais du prince pour clamer leur amour.
Ainsi fut fait et les deux amants préparèrent des noces ardentes et en guise d’invitation, des miroirs garnis de roses furent envoyés à tous les recoins du royaume.
Chacun eut à cœur d’assister au mariage d’ Aymé et Clotilde et les charmants enfants qui portèrent la traîne de la mariée furent récompensés par des dragées aux couleurs de la princesse, bleues sur un semis de roses blanches.
Quant à la princesse qui avait brisé le miroir dans un moment d’humeur, elle fut emportée dans un pays dominé par le gris et l’amertume des oubliés.
Elle ne revint jamais et fut condamnée, pour sa peine, à façonner des miroirs qui brillèrent de mille feux, bleuis et anoblis par ses larmes !

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