jeudi 15 décembre 2011

Conte d'autrefois


 
 « Holà ! fille aux pieds nus ! retrousse tes jupons et va chercher des écrevisses dans le ruisseau. Tu nous les prépareras ensuite dans ta chaumière, gueuse ! Nous attendrons ton signal ». Ainsi parlait l’un des trois chevaliers armés, à mine patibulaire en s’adressant à une jeune paysanne. Cette dernière, loin de s’incliner, signala à ces messieurs qu’elle n’était, en aucune façon, à leur service.
« Je ne vais dans le ruisseau que lorsqu’il me plaît d’y être répondit-elle en les regardant fièrement. Voyez-vous, je suis la fée de la forêt et c’est à mon tour de vous signifier que vous n’êtes pas les bienvenus dans mon royaume. Partez sinon il vous en cuira ».
Maël, le chevalier le plus orgueilleux des trois, coupa la jeune fille en deux de son épée. Mais à sa grande surprise, la jeune paysanne disparut dans un nuage d’or tandis qu’une mésange babillait en les regardant insolemment.
Joël, le jeune frère du chevalier ardent, conseilla à ses deux équipiers de se rafraîchir au ruisseau, de faire boire les chevaux et de partir le plus vite possible pour fuir ce lieu enchanté et diabolique.
Alexis, le troisième chevalier fut d’avis qu’il fallait s’en remettre au destin pour agir. Il sortit un écu d’or. Pile, nous restons, face nous partons aussi vite que possible.
Ce fut pile.
Maël était heureux car il voulait prendre sa revanche sur cette jeune fille orgueilleuse. Il ne croyait pas aux fées et s’en remettait toujours à sa bonne épée. Cependant, alors qu’il faisait boire les chevaux, il sentit ses cheveux se dresser sous son casque : de gigantesques écrevisses s’attaquèrent aux bêtes qui, affolées, s’enfuirent, le laissant face aux monstres.
Lorsque les deux autres arrivèrent au bord de la rivière, il n’y avait plus de chevaux et il ne restait de l’orgueilleux Maël que des bribes de métal.
Sans épiloguer davantage, nos deux chevaliers se débarrassèrent de leur armure et s’enfuirent dans les champs pour être cependant rattrapés par des loups et dévorés. Avant de mourir, Alexis avoua que sa pièce était truquée et qu’elle avait deux côtés identiques. Il s’en servait aux jeux, toujours avec succès !
Après la mort des trois chevaliers mécréants, la fée revint en son royaume, pieds nus ou en sabots, en tenue de paysanne car c’est ainsi qu’elle se sentait libre et elle reprit ses activités, notamment le chant, la danse et la poésie.

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