dimanche 28 juillet 2019

Le mariage du comte Louis


Le mariage du comte Louis
Résigné à ne plus revoir celle qu’il avait tant aimée, le comte Louis décida de tourner la page Blanchefleur et se laissa aller à une m mélancolie constructive, annonciatrice d’un bonheur nouveau.
Gwendoline avait imprimé sa marque au château par ses broderies subtiles et raffinées.
Roses, camélias, hortensias et pivoines naissaient sous ses doigts habiles, offrant ainsi à la demeure une nouvelle jeunesse.
Elle broda des chemises de lin pour l’usage du comte et orna son ciel de lit d’un voilage où les fleurs et les oiseaux reproduisaient les charmes d’un éternel été.
Un jour, elle entreprit une œuvre singulière : une féerique robe de mariée naquit de ses mains.
Le comte lui demanda à qui elle était destinée et elle répondit sans hésiter :
« à celle qui m’en fera la demande ! N’est-ce pas le rêve de toute jeune fille de porter la toilette de tous ses souhaits ? »
Cette réponse plongea le comte dans la réflexion et il se dit que Gwendoline rêvait de porter cette robe magique et que c’était un message qu’elle lui adressait.
Perplexe et indécis sur la marche à suivre, le comte fit atteler la calèche et partit dans le Val-Sans-Retour.
Il fit une halte dans l’église de Tréhorenteuc où il se recueillit à nouveau.
C’est alors que la révélation s’imposa à lui.
Lorsqu’il avait vu Gwendoline pour la première fois, il avait eu l’impression de la connaître, et pour cause : elle ressemblait, traits pour traits, à la figure centrale du vitrail qui l’avait tant impressionné, le précipitant dans une torpeur stendhalienne, marque de la beauté absolue.
Heureux de connaître la réponse à ses questions, le comte revint au château, commanda à son orfèvre une parure de mariée et attendit le moment propice pour présenter sa demande à Gwendoline.
Cette dernière avait achevé sa robe de mariée et entreprenait de broder de paons une superbe traîne et un voile.
Lorsque la toilette fut terminée, le comte commanda aux cuisines un repas de fête auquel participa Gwendoline revêtue d’une robe princière qu’elle avait conçue et cousue avec art et dextérité.
Au dessert, le comte fit sa demande officielle en mariage. Gwendoline était submergée par l’émotion.
Elle eut quelques mots sur ses origines roturières mais le comte lui baisa les lèvres pour toute réponse.
Il lui offrit un diadème de fiançailles et une parure digne d’une reine.
Les jours suivants furent consacrés aux préparatifs du mariage.
On envoya des invitations à la ronde et nombreux furent ceux qui répondirent présents.
Le chevalier de Ponthus déclina l’offre avec beaucoup de civilité et il accompagna ce refus courtois d’un coffret élégant contenant des objets précieux destinés à la mariée.
Heureux de ce dénouement, le comte Louis ne pensa plus qu’au jour de ses noces et lorsque la nuit vint, il fit preuve de délicatesse et d’amour empreint de tendresse envers celle qui lui donnerait bientôt, espérait-il, l’enfant qui porterait son nom pour le faire briller au firmament.

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