mercredi 15 août 2018

Le prince venu d'orient


Le prince venu d’orient
Dans l’immense salle de conseil du château, Blanchefleur réunit tous les chevaliers auxquels une tulipe d’or avait été décernée et on mit à plat tous les messages afin de décrypter leur subtil contenu.
Seule, Blanchefleur n’avait pas proposé le sien dans la mesure où il était personnel et ne pouvait donner aucun éclairage sur l’avenir commun de la fine fleur de la chevalerie française.
Alors que les hypothèses allaient bon train , la dame d’honneur de la maîtresse de maison, Lilwen au teint de rose, annonça qu’une escorte accompagnant un haut personnage, apparemment un prince si l’on en jugeait par la richesse de ses vêtements et de ses bijoux, un faucon sur l’épaule, demandait à l’incomparable Blanchefleur l’honneur de lui présenter ses hommages.
Blanchefleur ordonna que l’on introduise cet hôte de marque et elle envoya valets, écuyers et dames de compagnie pour qu’ils installent confortablement l’escorte dans une aile du château.
La venue du prince au teint cuivré et aux manières courtoises, subjugua la compagnie.
«  ô Dame Blanchefleur, je mets à vos pieds mille et une richesses que j’ai apportées de Bagdad, la ville merveilleuse que j’ai quittée, juste pour vous voir car votre renom a couru sur la route de la soie jusqu’à éclater en mon palais. On me nomme Haroun le Magnifique mais il me semble que ce surnom pâlit au contact de votre blondeur lumineuse, de l’éclat de vos yeux et de votre sculpturale beauté.
J’ai eu la chance de rencontrer Feu votre époux. C’était un homme remarquable et valeureux et j’imagine que votre désespoir n’a d’égal que cet amour immortel , pour vous, qui gisait en son cœur. Soyez magnanime et accueillez moi, en toute simplicité, auprès de vous car il me semble qu’une femme seule, parmi tant de preux chevaliers, peut avoir besoin, à l’occasion, d’un soutien et d’une amitié sans faille ».
Ces paroles émurent Blanchefleur mais un nuage passa dans ses jolis yeux, à l’évocation de l’amour immortel que lui vouait son mari.
Elle prit congé des chevaliers afin de conduire le prince dans une suite spacieuse, préparée pour un hôte de marque, ce qui était le cas.
Lilwen fut chargée de préparer un bain au voyageur et de lui offrir une tenue d’apparat.
La cuisinière se tint à la disposition de l’invité pour lui concocter le meilleur plat qui puisse se trouver afin qu’il oublie la fatigue du voyage.
Blanchefleur se rendit ensuite dans le pavillon du jardin d’amour et elle tint à ce qu’il soit d’une propreté exemplaire.
Le prince voudrait certainement s’y rendre, pensait-elle, afin d’y méditer à loisir.
Bouquets de fleurs, objets précieux, manuscrits enluminés furent disposés afin de rendre les lieux dignes des fastes orientaux décrits par son époux.
De son côté, elle regagna sa chambre, prit un bain, se contenta d’une collation à base de brioches, de laitages et de fruits puis elle se coucha en espérant retrouver son équilibre mis à mal par une nuit d’ivresse sentimentale qu’elle se jurait de ne plus connaître.
Elle s’endormit et rêva de preux chevaliers, galopant avec un étendard orné de tulipes d’or.
Loin de se douter qu’ils hantaient les rêves de leur hôtesse, les chevaliers tentaient de trouver un sens à l’ensemble de leurs messages et finalement, ils se mirent d’accord sur un thème plausible, la réunion de deux mondes, l’orient et l’occident afin de ne plus avoir à affronter des conflits sans rime ni raison.
Pour mettre un point final à une devise commune, ils décidèrent d’attendre la venue du prince oriental au sein de leurs réunions car il était possible que son faucon lui ait apporté une tulipe d’or porteuse de message.
Dans cette attente, ils décidèrent de fêter  l’aboutissement de leurs concertations et, en l’absence de Blanchefleur, Florian Roze se permit de diriger les activités et il fit venir l’écuyer de leur hôtesse qui mit en branle les cuisines et le personnel de maison pour organiser un mémorable banquet.
Troubadours et ménestrels furent également de la partie et ce fut un épisode chaleureux et charmant.
Puis chacun regagna sa chambre ou sa tente, selon le cas et le château et ses environs immédiats connurent une paix appréciée par les villageois : durant toutes les semaines et les mois destinés aux préparatifs du bal, ils avaient souffert des allées et venues incessantes et bruyantes pour l’organisation de cette fête  hors du commun.
Le bal de la tulipe d’or avait été un succès. A présent, il revenait aux participants sélectionnés par le biais d’oiseaux envoyés par on ne savait quelle divinité, de prouver que tout ce remue-ménage n’avait pas été vain et qu’il se dessinait un avenir radieux pour leur royaume, mis à mal par d’interminables guerres.


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