mercredi 9 février 2022

Fleur de bruyère

 



Drapée dans son fourreau de soie bouton d’or protégé par une cape en satin gorge de pigeon, une loupe à la main et un monocle rivé sur l’œil droit, Fleur de bruyère s’en fut par les chemins à la recherche d’un indice lui permettant de trouver la piste d’un enfant perdu, Emmanuel, dix ans.

Elle aimait apparaître aux yeux de tous sous l’apparence d’une jeune femme excentrique car ainsi, pensait-elle, personne ne lui accorderait trop d’importance et de cette manière, on parlerait sans retenue et il lui suffirait d’octroyer à chaque témoignage la place qui lui revenait.

Fidèle à une tradition littéraire et baroque, elle collecta de précieux indices et pensa qu’en se dépêchant elle aurait des chances de trouver l’enfant vivant.

Elle fit halte dans une chaumière qui lui servait de point de repli, se changea, troquant sa tenue extravagante contre une salopette campagnarde et des chaussures de marche. Les cheveux noués sous un fichu de bergère, elle partit en direction d’un château où devait être retenu l’enfant selon les témoignages recueillis au cours de sa route.

On cherchait une plongeuse en vaisselle fine dans ce château digne de Barbe Bleue. Elle postula, se livra avec excellence à un essai et reçut le tablier adéquat à cette fonction ô combien périlleuse car, dans ses mains, de la porcelaine fine et de l’argenterie sans oublier des verres de cristal devaient retrouver leur éclat.

Comme dans toutes les grandes maisons, la cuisine bruissait comme une ruche, chacun se trouvant à sa place pour parfaire le service gourmand et raffiné élaboré par un grand chef, Alexandre de Malestroit, breton auréolé de prix nationaux, dont celui de l’aumônière garnie qui satisfaisait les gourmets les plus pointilleux régnait  sur des brigades aguerries avec charme, courtoisie et exigence du meilleur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire