Consternée, Renée nota le lendemain au petit déjeuner que le rond de serviette de Soizic demeurait orphelin.
Un nouveau venu prénommé Aurélien , bel homme à la chevelure retenue par un catogan, avait pris la place d’Alexandre.
Elle mangea mécaniquement et constata que la cruche de son amie avait disparu dans l’atelier de poterie.
En plein désarroi, elle prétexta un malaise et quitta l’atelier pour se réfugier dans sa chambre.
Elle n’avait plus envie de lire. Des idées noires se bousculaient dans sa tête et elle songeait sérieusement à s’enfuir avant qu’un désastre ne s’abatte sur elle.
On frappa à sa porte. Elle ouvrit avec une certaine appréhension mais sourit à celui qui semblait lui offrir son amitié, Aurélien en personne.
« J’ai appris que vous aviez été victime d’un malaise et j’ai voulu m’assurer que vous n’aviez besoin de rien ».
Renée le rassura, le pria de prendre place dans le fauteuil réservé aux invités et lui dit qu’il lui arrivait d’avoir des passages à vide.
« Un peu de repos et j’irai beaucoup mieux. Avez-vous choisi un atelier » ?
Aurélien lui dit qu’il avait opté pour la peinture, ajoutant qu’il serait heureux de faire son portrait.
« Vous êtes le modèle idéal à mes yeux. Je sens en vous un puits de méditation digne des légendes médiévales dont je suis féru. J’aimerais vous peindre en costume Renaissance, appuyée à la margelle d’une fontaine où la cruche que vous avait façonnée serait posée ».
Renée sentit des larmes lui troubler la vue. Il y avait si longtemps que l’on ne s’était pas intéressé à sa personne qu’elle n’imaginait pas que cela fût encore possible.
Ils se rendirent dans la salle de restauration où ils mangèrent un kig ha farz qui les mit dans l’ambiance celtique du futur tableau d’Aurélien.
Une jeune femme prénommée Marianne, de passage dans l’ephad pour des troubles psychologiques avait pris la place de Soizic mais Renée refusa d’y voir un signe noir et se félicita de nourrir l’imaginaire d’un homme aussi charmant qu’Aurélien.

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