samedi 1 décembre 2012

Le voyage de Tom




Bercé par le doux roulis des vaguelettes de son étang royal, le petit roi Tom ainsi prénommé pour son apparence angélique, suivait du regard les oies sauvages. Soudain, les sarcelles qui emmenaient sa nacelle douillette furent prises d'un irrésistible besoin de s'envoler avec les oies sauvages et ce fut sur l'étang une folle envolée qui se termina pour Tom par une arrivée sur le rivage où il ne reconnut pas le moindre élément du paysage qui lui était familier. Il marcha dans le sable, réconforté par la présence d'un oiseau bleu qui lui murmurait des encouragements à l'oreille. Enfin il arriva près d'un palais qui n'était pas le sien mais qui lui ressemblait étrangement. Une petite fille de son âge, vêtue de crinoline et chaussée d'espadrilles accourut à sa rencontre et lui prit la main, le conduisant directement à la cuisine qui fleurait bon la brioche et le chocolat. On les servit puis Gwendoline, tel était son nom, lui montra sa chambre, décorée de tissus provençaux. Une élégante suivante de la princesse lui prépara un bain; vêtu d'un joli costume de nuit, Tom ne se fit pas prier pour se glisser dans des draps parfumés à la lavande et s'endormit, rêvant que sa mère, disparue mystérieusement un soir d'orage, venait le chercher Alors que Tom dormait profondément, une mélodie se fit entendre et un joueur de harpe entra dans la chambre, suivi par une ravissante jeune femme aux longs cheveux épars noués de roses. Un éclat lunaire illumina la pièce et Tom se leva spontanément. Il revêtit un joli costume de velours, chaussa des bottines en écorce de bouleau et s'enveloppa d'une cape de laine. La Dame lui prit la main et ils marchèrent jusqu'au rivage où les attendait un batelier, la pagaye à la main. Ils entrèrent dans une barque où un dais royal les abritait du vent. Ce fut une traversée idéale, ponctuée de cris d'oiseaux dérangés dans leur sommeil. Ils arrivèrent enfin auprès d'un château si élégant qu'on aurait souhaité y passer le reste de ses jours, du moins c'est ce que lui murmura la dame aux beaux cheveux. « On l'appelle le Château de la Reine Blanche et je ne t'apprendrai pas que cette Reine, c'est moi. Le dieu du vent m'a enlevée un jour d'orage et je ne serai rendue à ma famille que le jour où je rencontrerai un enfant au cœur pur; cet enfant, c'est toi! ». La Reine se tut et ils partirent en direction du château où les serviteurs avaient préparé une belle flambée. Blotti contre cette apparition digne des contes de sa nourrice, Tom se laissait aller au gré de l'aventure. On leur servit un vol au vent de volaille, une charlotte à la confiture de lait et ils burent du jus de raisin et du sirop d'orgeat. Un vent tourbillonnant les souleva du sol. La Reine s'envola sous l'apparence d'une mésange bleue et Tom retrouva la barque royale qui le ramena directement chez lui alors que l'on commençait à s'inquiéter de sa disparition. Heureux d'avoir rencontré la Reine Blanche dont tout le monde parlait, il feignit une grande fatigue pour ne pas avoir d'explications à donner. A partir de ce jour, les oiseaux furent ses amis et rêvant de revoir la petite fille en crinoline de son aventure, il ne cessa de regarder le vol des oies sauvages. « Tu es encore trop jeune pour aimer, lui dit une voix familière mais je veille sur toi ». Tom reconnut la mésange bleue et il lui envoya des baisers de sa petite main royale !

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