dimanche 21 novembre 2021

L'atelier de Francis

 

Des rideaux de velours bois de rose laissaient filtrer les rayons du soleil dans l’atelier de Francis, offrant ainsi des couleurs tendres qui nimbaient Céleste, modèle posant nu sur une bergère bleue.

Les yeux posés  tour à tour sur la toile et sur la jeune beauté dont il voulait saisir toutes les nuances de sa chair nacrée, Francis prenait à peine le temps de nettoyer ses pinceaux, craignant de voir s’échapper un reflet lumineux.

Céleste réclama une pause, revêtit une ample robe aux couleurs de l’arc-en-ciel et but à petites gorgées du thé au jasmin.

Francis avait sorti son carnet d’esquisses et poursuivait son travail de capteur d’âme singulière.

Céleste était pour lui une énigme vivante. Sa beauté relevait du divin et du mystère antique.

Un jour, lorsqu’il en aurait perçu toutes les nuances, elle ne l’intéresserait plus mais pour l’instant, il la voulait toute à lui.

Il posa ses crayons sur une table de merisier, enlaça Céleste, l’embrassa voluptueusement, la coucha sur son lit à baldaquin et s’empara des trésors cachés au tréfonds de son jardin d’amour.

Au réveil, il était seul.

Céleste s’était éclipsée discrètement, emportant la liasse de billets qui rémunéraient ses heures de pose.

Dans son petit appartement douillet et confortable, elle prit un petit déjeuner reconstituant, chassa Francis de sa mémoire et fit courir sa plume sur un parchemin rose pour emprunter une voie de traverse qui la conduirait à Compostelle.

Francis, de son côté, reprit ses pinceaux et trouva la nuance irréelle et sublime, un mélange de camélia, d’hibiscus et de crème onctueuse : il termina enfin son tableau.

Céleste resplendissait au cœur d’une forêt imaginaire inspirée par Brocéliande et son légendaire étoilé.

Nue, elle était nimbée d’une lumière irréelle et divine.

Son corps dont il croyait connaître les moindres frémissements offrait au monde une nouvelle naissance de Vénus, au cœur de la coquille nacrée, au sortir de l’onde.

Enivré par toute cette beauté, Francis ressentit à nouveau la morsure du désir et il courut à la recherche de son aimée, son incroyable Céleste qui incarnait à elle seule toutes les femmes du monde qui auraient pu le surprendre et l’aimer.

Sur la route qui le conduisait vers sa belle d’amour, il croisa une étoile filante, fit un vœu et se retrouva, pantelant auprès de son amour pour lui offrir son cœur enrobé de tendresse.

Il lui apportait en outre cette couleur profonde de l’émoi qu’il avait vu naître de ses pinceaux et qui porterait désormais son nom, le rose Céleste !

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