samedi 20 novembre 2021

Le poète aux mains étoilées

Sur le quai d’une gare, il y a un homme qui m’attend.

Il est grand, un peu voûté et ses mains sont étoilées.

C’est un poète. Il porte un nom de personnage féerique, Aurore et il a l’accent occitan.

Moi, je suis venue de très loin, les ongles peints en bleu et j’ai un livre à la main, comme toujours, une tragédie de Sophocle et je souris.

Nous marchons dans  Saint Germain des Prés puis nous mangeons dans une brasserie.

Tu commences toujours par un potage me dis-tu, je mange distraitement car je ne sais pas pourquoi je suis venue.

« Mais pour l’amour », me réponds-tu en écho à mes pensées.

Je ne crois pas rechercher l’amour car il y a longtemps que je n’y crois plus et je suis repartie avec mes lourds secrets, mes rêves inachevés et mes poèmes toujours imparfaits.

Toi, tu as rejoint les étoiles, la Grande Ourse et tu es l’aurige qui emmène le grand chariot vers sa destinée.

De temps à autre, tu me gratifies d’une étoile filante que je capte comme un papillon.

Alors mes écrits scintillent et illuminent les parchemins vieillis que j’utilise toujours.

Sur les quais d’une gare, un poète m’attend mais lassé, il est parti vers les champs de l’azur dont on ne revient plus.

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