samedi 8 avril 2023

Le cerisier de la reine


Près du château de la reine Éléonore, un cerisier suscitait l’admiration de tous.

Son ample frondaison s’ornait de pétales satinés au printemps puis venait le temps de la récolte des cerises rouges et sucrées à souhait.

On servait des cerises à la table de la reine sous diverses formes, nature après un bon repas ou au goûter, en gelées ou confitures, en tartes ou encore sous forme d’ingrédient surprise dans la composition de sauces accompagnant le gibier.

Un jour, un pastoureau s’étendit à l’ombre de l’arbre prodigieux et il joua un air mélodieux à la flûte de Pan taillée dans les roseaux.

Des nymphes et des faunes dansèrent sous la lune en déroulant des rubans de soie.

Ce spectacle enchanta la reine qui se prit à rêver de la conquête d’un amant. Elle était en âge de se marier mais jusqu’à présent, elle n’en avait pas éprouvé le besoin.

L’air enchanteur de la flûte la transporta bien loin, au-delà des mers lointaines où surgissent des îles emplies d’oiseaux et de fleurs sauvages.

Éléonore se drapa dans sa cape et partit explorer la première île tenue loin de cet itinéraire féerique.

Escortée par des colibris et des perroquets, la reine progressait à petits pas dans un univers luxuriant.

Elle parvint dans une clairière ombragée par des cerisiers en fleurs.

Une charmante demeure semblait attendre sa venue.

Après avoir activé le heurtoir décoré de fleurs ciselées, elle vit s’ouvrir la porte de chêne. Elle emprunta un couloir dont les murs étaient ornés de magnifiques faïences pour entrer dans une grande pièce où flambait un bon feu de cheminée.

Elle s’assit dans une bergère et attendit patiemment qu’un hôte se présentât. Une gouvernante portant un plateau gourmand déposa un pot de lait, des mignardises et des gâteaux au miel sur un guéridon. Elle servit la reine avec grâce.

Éléonore prit plaisir à cet en-cas et laissa vagabonder son esprit dans le monde du rêve.

Un air de flûte se répandit dans la pièce, précédant le pastoureau qui s’était distingué dans son royaume à l’ombre du cerisier magique.

Le jeune homme s’inclina devant la reine et lui présenta ses hommages.

«  Douce reine joie, j’ai composé pour vous mes plus belles chansons d’amour. La magie du cerisier aidant, mes notes de musique ont formé autant de cœurs battants au simple énoncé de votre nom, Éléonore à la voix d’or ».

Le pastoureau se tut et un ange aux pieds ailés mus par des grelots vola dans la pièce, répandant des sucreries, des roses d’argent et des livres enluminés de miniatures médiévales.

Éléonore ouvrit l’un de ces livres et se plongea dans la lecture d’un roman de chevalerie.

Elle ne vit pas passer le temps et se retrouva subitement assise à l’ombre de son cerisier, une déclaration d’amour à la main, sous forme de parchemin.

Elle ne fut pas étonnée d’entendre un air de flûte puis de voir apparaître le prince Lilian qui avait choisi l’apparence d’un simple pastoureau pour entreprendre sa démarche de fiançailles.

Le jour du mariage d’Éléonore et de Lilian, une pluie de pétales de cerisiers embauma la cérémonie, devenant le symbole du bonheur.

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