mercredi 28 mars 2012

La princesse endormie



Il était une fois une princesse endormie dans un livre de contes. Une pluie d’étoiles la réveilla et la belle Marie-Aurore quitta son état d’encre turquoise et de parchemin en feuilles de riz pour s’élancer à la recherche du bonheur.
Elle était vêtue d’un ensemble ancien, chanvre et lin brodé de roses et de pivoines et cette composition, riz, chanvre et lin surbrodé de fleurs qui rappelaient son teint, l’encre turquoise s’étant fixée dans ses beaux yeux, faisait de la princesse la plus belle femme du royaume.
Les hommes qui la croisaient en perdaient presque la raison. Heureux d’avoir pu contempler une telle splendeur, ils rentraient chez eux, trouvaient un prétexte pour s’isoler afin de revoir en pensée, encore et encore les détails de celle qu’ils n’oseraient aimer tant sa beauté la rendait inaccessible.
Tandis que le soir s’apprêtait à tomber, Marie-Aurore aperçut au loin une maison de paille ornée de bouquets de bleuets et de coquelicots.
Il flottait un parfum de blé et de crème légère. La princesse entra dans cette résidence peu commune mais y trouva un décor charmant et un confort inattendu.
Pour s’étendre, il y avait un hamac tissé de roseaux entrelacés. Elle s’y étendit et respira cette odeur qui lui était étrangère, celle d’une demeure qui fleurait bon les fruits de la terre.
Elle s’endormit d’un sommeil léger, ouvrant parfois les yeux à la manière d’un chat car elle craignait de revivre l’hypnose qui l’avait précipitée dans un livre contre son gré.
Bien lui en prit car un filet à papillon s’abattit sur sa frêle personne. D’un mouvement rapide, elle échappa au piège et s’enfuit en se fiant aux lueurs de la lune, des lucioles et aux étoiles qui s’accrochaient dans les feuillages donnant aux arbres l’apparence de flambées lumineuses.
Un carrosse d’or se porta à sa hauteur, la porte s’ouvrit et elle n’eut qu’à se hisser dans l’habitacle parfumé.
Un jeune homme aimable lui tendit une cape de satin rose assorti à son teint. Elle s’y blottit amoureusement et tous deux se laissèrent bercer par ce beau carrosse qui filait comme le vent avec l’aide de licornes dont la crinière tressée reflétait l’opale lunaire, la pierre des amants et ils allèrent au bord d’une mer turquoise où ils vécurent enfin un amour infini auréolé d’écume blonde et d’éclats de soleil.

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