mercredi 21 mars 2012

Le réveil du Printemps



Éveillée par une aubade d’oiseaux, la déesse Flore sourit au jour et après des ablutions à l’eau de source parfumée par les bégonias et les magnolias, revêtit une tunique blanche brodée de pivoines, s’orna d’une parure bleue et s’élança sur les sentiers qui menaient vers les hameaux.
« Je l’ai vue, elle est là, notre déesse du Printemps ! » Cette phrase circula de bouche en bouche et chacun se sentit revigoré. Les travaux des champs parurent moins lourds et les ouvriers d’une fonderie mythique, menacés par la fermeture de la maison mère qui fut à l’origine de la Tour Eiffel, gonflèrent leurs poumons de ce vent d’Espérance et partirent d’un pas léger vers la capitale dans le but de retrouver emploi et bonheur.
La déesse Flore hésita un instant puis accepta de revêtir l’écharpe tricolore, jetant sur le bord de la route ses bijoux qui étincelèrent au soleil puis, lucioles bleutées, se faufilèrent vers les rivières pour lui redonner leur pureté originelle.
Parmi les ouvriers, la déesse prenait une dimension nouvelle. Près d’un magicien vêtu d’une combinaison ignifuge qui faisait jaillir le feu en étoiles incandescentes, la déesse offrait une note poétique tout à fait inédite en ce cortège.
Plus loin, Ariane Mnouchkine dirigeait une immense figure symbolique, mouvante et drapée de blanc, la Justice, entourée par des danseurs moulés dans des tuniques et des justaucorps lumineux.
La déesse Flore retrouva ses automatismes printaniers et lança à la foule des bouquets de jacinthes et d’iris que de jeunes fleuristes enthousiastes lui offraient.
Au fur et à mesure de la progression du cortège qui se dirigeait vers la Bastille, des groupes l’étoffaient, les Imprimeurs, de tout temps les alliés des Révolutionnaires, des écoles de chant qui entonnèrent l’hymne national issu de la Révolution, la Marseillaise, des polytechniciens et des Saint-Cyriens, prestige de la France et surtout le peuple parisien plein de ferveur, applaudissant à la fois le retour du Printemps et l’éveil de citoyens assoupis.
Ravie de la tournure de cette fête du Printemps inhabituelle et pleine d’émotion, la déesse chargea son avatar de rester dans le cortège et s’éclipsa pour regagner les rives de son royaume protégé par les cygnes et les divinités de la nature.
Elle s’endormit tandis que les rossignols chantaient le renouveau et que les rivières déposaient fleurs et joyaux dans les roseaux, guettant la venue des poètes.

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