mardi 13 mars 2012

Ode à la déesse Flore



Belle parmi les belles, la déesse du Printemps pare ses longs cheveux d’une couronne de fleurs d’aubépines et d’églantines, de primevères et de jonquilles et s’en va sur les chemins, soucieuse d’annoncer aux habitants des villages la fin des frimas.
Dans ses voiles de brume auréolée d’un rose pâle et d’un gris bleuté, la jeune beauté progresse à petits pas, faisant tinter les grelots d’or de ses bracelets de chevilles, accompagnée par le chant des oiseaux qui forment une noria où cascadent les notes triomphales d’une symphonie nouvelle, pastorale et urbaine, la cadence des usines se fondant en percussions haletantes, comme dans les chansons rythmées de Bernard Lavilliers. Fasciné par tant de beauté, le chanteur offre sa légendaire boucle d’oreille à la déesse qui la multiplie à l’infini pour apporter du rêve aux promeneurs de l’aube qui la croisent avec émotion, dévotion et amour.
Vêtue à présent d’une robe volière Belle du Seigneur, la déesse emprunte sa générosité à la Reine de Saba et dispense çà et là des louis d’or, déclarant par hérauts interposés, une chasse enfantine semblable à la recherche des œufs de Pâques en chocolat proposée aux bambins pour leur rendre tangible l’envol mythique des cloches vers Rome, la ville éternelle, digne relais de Jérusalem.
Au terme de sa course, la déesse se retire en son palais de verdure, niché sur un îlot protégé par les cygnes.
Elle se débarrasse de tous ses attributs et plonge dans l’eau pure d’une cascade épargnée par la main de l’homme.
Escortée par les loutres et les castors, elle se livre aux joies de la nage papillon puis rentre enfin dans son foyer, grignote quelques biscuits secs et des baies, s’allonge sur un matelas de plumes d’oies et s’endort dans un bruissement d’ailes.

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