Le rossignol de l’empereur
Embrasse-moi mon cœur et donne-moi ta fougue et ton amour
car, cette nuit, j’ai reçu la visite du rossignol de l’empereur !
Échappé de son livre de contes, il est venu me dire, de sa
voix si mélodieuse, que mes jours étaient comptés. Certes son chant était si
beau qu’au premier abord, je l’ai écouté avec ravissement mais voyant que je ne
comprenais pas son message, à la manière d’une rhapsodie, il a insisté tant et
tant sur un thème évoquant la mort que j’ai fini par comprendre et frissonner.
De sa belle main blanche brodée de dentelles de
Valenciennes, la reine écrivait ces mots à son amant, le priant de venir la
voir une dernière fois et elle confia le parchemin à sa fidèle colombe qui l’emporta
jusqu’aux abords d’un palais doré recouvert de pierres précieuses.
Elle chercha en vain une fenêtre ouverte, le prince étant
parti à la chasse avec toute sa cour, et déposa la missive près d’un bassin aux nénuphars où le prince
aimait à se recueillir pour penser à sa belle amante et revint, la mission
accomplie, chez la reine qui la vit avec espoir.
Elle guetta le bruit du galop du cheval princier mais ce fut
en pure perte car un enfant se saisit du parchemin, en fit un bateau qu’il mit
sur la surface du bassin où il finit par sombrer.
Seul le rossignol de l’empereur assista aux derniers
instants de la belle reine puis il reprit sa place dans le livre de contes dont
il s’était échappé !
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