mardi 1 novembre 2022

Extrait du roman La Reine Diamant

 


Flamboyant faisait de courtes promenades aux alentours. Pensif, il lui arrivait de se pencher sur la terre cendreuse. Émiettant les particules entre ses doigts, il eut un jour l’illusion de voir couler du sang sur ses mains terreuses. Il entendit des clameurs, et crut voir l’horizon se tendre de pourpre. Bien plus, il sentit passer sur ses cheveux un vent de terreur car à n’en pas douter, il était au cœur d’une bataille. Formant le carré, une unité combattante faisait un rempart indestructible à leur reine, Diamant cuirassée de blanc. À ses côtés, son fils Ange ne cessait de crier pour la mettre en garde contre le jet ininterrompu de javelots provenant de la meute enragée de soldats à la botte d’un chevalier noir, riant et gesticulant, proférant d’ignobles menaces.  « Tu croyais que la race des Malforza[1]  était éteinte, Diamant, inutile reine vierge. Je te ferai connaître ma sexualité et tu lècheras mes bottes. Quant à l’avorton qui te sert de fils, l’orphelin venu du bout du monde pour satisfaire tes instincts maternels, je ficherai sa tête sur ma lance jusqu’à ce que les oiseaux la réduisent en poudre. À bientôt ma belle ! je te promets maints sévices pour mon grand bonheur ».

Un nuage blanc chassa cette terrible vision, laissant Flamboyant pantelant. Il regagna la chaumière en chancelant et s’empressa de prendre un bain afin de chasser ce délire hallucinatoire.

Il demeura plusieurs jours, le dos tourné à la fenêtre, craignant de revoir ce terrible épisode. Il regarda d’un autre œil ses gardiennes. Peut-être voulaient-elles tout simplement le tenir à l’abri de dangers réels ou supposés ? Il rendait fréquemment visite à Persépolis, heureux de la fraîcheur de son ami. Quand reprendraient-ils la route ? Nul ne pouvait le savoir.

Il se résolut cependant à user d’un stratagème pour se rapprocher du domaine rose. Il écrivit un billet ainsi libellé « Je me nomme Flamboyant. Mon père Griffe d’Argent m’envoie à la recherche de la reine Diamant » et l’enroula soigneusement sur l’une de ses flèches.



[1] Cf. Voir L’étoile des chevaliers

 

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