samedi 15 septembre 2018

La princesse Nour


La princesse Nour
Les années passaient au château rebaptisé le château de la tulipe d’or avec une noria incessante de chevaliers qui venaient suivre une formation dans l’art de combattre en suivant les règles de l’honneur chevaleresque.
Bethsabée s’éteignit, laissant un grand vide car tout le monde s’était accoutumé à sa présence douce, généreuse et active dans de nombreux domaines, notamment dans l’art culinaire.
Elle laissa derrière elle des ouvrages consacrés à la broderie incluant des schémas précieux et des livres de cuisine, abondamment illustrés avec une notation précise du dosage des ingrédients et des étapes factuelles.
Salomé était une belle jeune fille, très courtisée lors des fêtes qui se donnaient çà et là, dans de nombreux fiefs et son frère Aymery avait hérité des belles qualités de son père et de son grand-père.
Les nouvelles d’orient parvenaient parfois au château par vol de colombes ou escortes de chevaliers, porteurs de messages aux armoiries de la tulipe d’or.
Or, un jour, une troupe plus importante s’approcha des murailles du château. Un jouvenceau qui avait le regard bleu de Blanchefleur, demanda à être reçu et il vint, accompagné par une jouvencelle dont la beauté éclipsait celle de la lune et du soleil.
Elle se présenta en faisant la révérence à Ornella : «  Je suis la princesse Nour, la fille de Blanchefleur et du prince, cadeau inespéré des dieux et voici mon frère, le prince Flor qui sollicite du comte Louis la préparation au noble métier des armes qui protège les honnêtes gens et leur assure la paix.
Nour était si belle, irradiant la lumière dont son prénom était porteur que d’aucuns crurent voir voler des anges près d’elle et que l’archange Gabriel lui-même sembla annoncer des temps nouveaux.
La salle de réception du château fut inondée de soleil et Ornella serra cette déesse dans ses bras.
Chacun reprit ses esprits et l’on organisa l’accueil de tous les invités, ce qui rappela à bien des chevaliers et à leurs dames les temps où l’on avait à cœur d’offrir une hospitalité méditerranéenne, fleurie et médiévale aux héros qui se lanceraient dans la quête de la tulipe d’or.
Un nouvel arrivant, Kylian de Concoret oublia instantanément la fée Viviane qu’il poursuivait de ses rêves en forêt de Brocéliande pour devenir l’amant éperdu de la belle Nour, lumineuse et désirable au point de le rendre fou.
Il se rendit dans sa chambre pour y composer un chant d’amour qu’il confierait ensuite aux rossignols de la nuit.
« Nour, ô Nour, si lumineuse et si ardente, tu as éveillé en moi la passion des chemins secrets qui conduisent aux arcanes de ton âme.
Je te veux passionnément et je souhaite simplement que tu ne m’imposes pas une chasteté prolongée car je n’y survivrai pas et devrai me perdre dans les landes où errent les amants éperdus, partis sans succès, à la recherche de leur bien-aimée.
Je veux te chérir jour et nuit ; c’est pourquoi j’ai l’audace de m’offrir pour des fiançailles si tu le veux bien. Je mets à ta disposition le manoir de mes ancêtres, plein de charmes que je décrypterai pour toi, mon aimée, si Dieu le veut ».
Ce chant d’amour terminé, Kylian commanda un bain aux dames qui étaient attachées à son service, revêtit une chemise de lin et s’endormit en rêvant que Nour la divine lui accordait sa main qu’il couvrait de baisers.
Le lendemain, il s’éveilla d’humeur folâtre et descendit en salle d’armes pour saluer les chevaliers de la tulipe d’or, corps d’excellence auquel il appartenait.
C’est ainsi qu’il apprit que la princesse Nour avait décidé de partir dans le palais que son père avait fait construire pour la belle Blanchefleur, sa mère tant aimée.
Le prince Flor restait au château pour parfaire sa formation de chevalier.
Kylian décida lui aussi de demeurer au château, espérant ainsi devenir l’ami du prince.
Il vit partir l’escorte de la princesse, plus belle encore que dans ses souvenirs les plus fous. Son entourage comportait la fine fleur de la chevalerie afin qu’elle voyage sans souci.
Flor fut charmé de voir Kylian à ses côtés car sa prestance et son renom illustraient à merveille sa devise : «  Ne suis ni duc ni prince, je suis le sire de Brocéliande » .
Kylian promit à Flor de l’instruire sur toutes les légendes de son patrimoine et le duo commença à fonctionner sous les auspices de la bruyère et des genêts, amarante et or !

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