dimanche 9 septembre 2018

L'orient de tous les rêves


L’orient de tous les rêves
Mais il en va de l’amour comme dans les rêves, l’eau vive des ruisseaux et les serments enfantins, il s’échappe et s’enfuit sur les pierres brulantes du lit où il serpente, décrivant mille et une arabesques.
Après avoir juré à sa bien-aimée qu’il ne la quitterait jamais, le prince lui fit ses adieux, arguant du fait qu’il avait besoin de mettre de l’ordre dans son palais et dans son royaume pour pouvoir l’accueillir en reine, comme elle le méritait.
Sa beauté de femme mûre l’émouvait et il sentait poindre en lui les affres de la jalousie, à la pensée qu’un autre amant puisse se saisir de l’objet aimé et le traiter comme il l’avait fait, sans retenue, poussé par une folle passion.
Blanchefleur dut lui jurer mille et une fois qu’elle n’aimerait que lui et qu’elle attendrait sagement qu’il la fasse chercher.
A chaque serment, le prince enlaçait sa belle, la couvrait de baisers et trouvait à chaque fois une manière subtile et innovante pour s’emparer de son corps qui devint un brasier.
Finalement, Blanchefleur, à force d’être honorée avec tant de ferveur, de vigueur et de passion dévorante, ne fut pas fâchée de voir partir ce prince dont les lèvres semblaient avoir été faites pour donner et recevoir des baisers.
Sœur Myriam et les moniales la rejoignirent en son palais d’amour, devenu bien vide et le décorèrent des pièces du trousseau qu’elles avaient cousu et brodé.
Mise dans la confidence par le prince, sœur Myriam avait voulu apporter sa touche de beauté, pensant qu’au château ancestral, il n’y avait plus de véritable place pour Blanchefleur : deux dames douairières pour un fils, l’une était de trop et il était bon pour la veuve d’ Eudes le Valeureux de convoler en des noces qui lui apporteraient le confort et la douceur de vivre.
Les deux amies échangèrent des propos intimes, dévoilant les méandres de leur cœur.
Sœur Myriam assura Blanchefleur de son total soutien et elle déclara qu’elle partirait en sa compagnie dans cette terre d’orient, si étrange et si enchanteresse.
Sur les entrefaites, un message émanant du prince arriva grâce à l’entremise d’une colombe.
Le parchemin était scellé par un cachet de cire aux armes du prince et il contenait une émeraude qui accentuait la douce féerie de ses paroles :
« Ma douce toute en soie, tu m’es si proche et si lointaine à la fois ! Lorsque je m’éveille, je sens ton corps doux et ferme au creux de mes reins mais je n’étreins que la brise, prodiguée par l’éventail de ma nourrice.
Elle entend mes pleurs dans la nuit et accourt pour me bercer comme un enfant.
Je suis à toi pour toujours, mon ange, et je rêve de pouvoir t’étreindre à nouveau avec toute la fougue renouvelée par cette absence dont je souffre en rêvant.
Ton amant pour l’éternité. »
Blanchefleur rangea ce message ardent dans un coffret de nacre et elle entreprit d’y répondre.
La colombe attendait sagement qu’on lui confie un parchemin.
« Mon doux enchanteur, je me livre en retour à tes étreintes passionnées. Tu m’es devenu si cher que je ne pourrais vivre sans toi. Je porterai ton émeraude comme un gage d’amour et attend, avec la foi de l’amante, que nos lèvres s’unissent à nouveau et que nos corps s’embrasent sous le ciel de lit des épousés.
Ton amante, fidèle et soumise ».
Elle lesta le parchemin d’un saphir qui rappelait l’azur de ses yeux, y apposa son sceau personnel, lys et roses et confia le message à la colombe qui prit instantanément le chemin du retour.
Avant de partir, le prince avait pris la précaution de choisir des personnes fiables pour habiter un village qu’il avait fait construire autour du palais.
Blanchefleur et ses amies bénéficièrent ainsi des fruits de la terre et des vergers ainsi que du produit d’une chasse raisonnée pour vivre confortablement.
Conserves, confitures, salaisons complétèrent les ressources naturelles, faisant de cet endroit ravissant un nouveau paradis.
Enfin le jour du baptême de la petite Salomé fut annoncé et toutes ces dames furent conviées pour participer à l’événement sacré et festif.

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