samedi 8 septembre 2018

Un palais des Mille et Une Nuits


Un palais des Mille et Une Nuits
Le délai traditionnel de quarante jours s’étant écoulé, entre le jour anniversaire de la naissance de la petite Salomé et celui de son baptême programmé, on se pencha sur le berceau de l’enfant, jouant tour à tour les bonnes fées ou les anges, les hommes se réservant le loisir de contempler la petite merveille, parée comme une princesse pour être présentée à Dieu.
Ninon fut désignée à l’unanimité pour être sa marraine, tant sa discrétion et sa sagesse éclipsaient sa beauté, pourtant phénoménale.
L’un des chevaliers de la Tulipe d’ Or fut proposé pour être son parrain car outre ses indéniables qualités, il semblait attaché aux mille et un charmes de la belle Ninon et il était bon, pensait-on, qu’un couple se penche sur l’enfant pour veiller à son bonheur.
Alors que les préparatifs battaient leur plein, le prince enleva sa belle et l’emmena dans un endroit secret où il avait érigé le temple de leur amour.
Digne du roi Salomon, un palais de marbre rose subjugua Blanchefleur. Un jardin en forme de cœur permettait de s’évader et de trouver un céleste bonheur, en compagnie d’oiseaux et de paons chamarrés.
Nous nous y perdrons, ma douce, je vous le promets dit le prince mais je t’en conjure, suis moi à présent dans ce palais où j’ai mis toute mon âme.
Effectivement le palais ne ressemblait à aucun autre car les pièces reposaient sur un défi architectural et un symbole mystérieux qu’il faudrait déchiffrer pour en saisir toute la beauté.
Ne perdons plus de temps, mon ange, reprit le prince et il emmena son aimée au cœur du palais, en une vaste chambre où un lit clos par des voiles brodés et opaques protègeraient leur intimité.
De ses doigts délicats et caressants, le prince déshabilla sa belle Blanchefleur et embrassa toutes les parties de son corps avec fougue et volupté.
Littéralement embrasée par cette démonstration passionnée, Blanchefleur rendit ses baisers à son amant et ôta, à son tour, les différentes pièces de sa parure vestimentaire.
Nus et enlacés, ils prirent un bain puis se livrèrent dans le lit conçu pour l’amour à mille et une étreintes qui les conduisirent, pantelants et délivrés de leur pesante solitude jusqu’à l’aube.
Comme des adolescents, ils se tinrent par la main, vêtus de tenues d’intérieur, jouèrent à la dinette plus qu’ils ne mangèrent puis ils se vêtirent sobrement pour se promener dans leur jardin d’amour.
Sous l’inflexion caressante du vent, des tulipes ouvraient leur calice et semblaient inciter les amants à renouveler leurs étreintes.
Le prince se fit à nouveau caressant et il multiplia les gestes d’amour, faisant de ce jardin un divin réceptacle de sa passion si longtemps contenue pendant des années.
Un banc en forme de lyre abrita les amants qui se prodiguèrent les plus folles caresses tandis que les paons se pavanaient en offrant leurs ocelles d’amour.
Eperdus et follement sublimés en gestes diffus et les plus inattendus, ils se réfugièrent dans le pavillon où les attendait un lit douillet qui épousait la forme d’un cygne.
Ils y restèrent des heures, pleurant des larmes de cristal qui jonchèrent le sol comme autant de fleurs immortelles.
Entre deux étreintes, le prince murmurait des poèmes célébrant la beauté de celle qu’il aimait et lorsque Blanchefleur protestait en parlant de son âge, il la faisait taire en la couvrant de baisers.
«  Mon amour, mon ange, tu es mienne à jamais. Je te veux constamment à mes côtés car il me semble que je mourrai si tu es loin de moi.
Je t’ai tant désirée que tu es en moi et que mon désir, devenu tien, ne faiblira jamais. »
Le prince parcourut à nouveau le corps de sa belle déflorée et lorsqu’ils se réveillèrent, au petit matin, nus et enlacés, ils retrouvèrent encore les chemins de l’amour qui jamais ne s’effeuillent et demeurent ancrés sur les rivages de la passion la plus ardente.

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