mardi 18 septembre 2018

Retour en Brocéliande


Retour en Brocéliande
Au château de la tulipe d’or, les veillées se prolongeaient  tant les récits légendaires de Brocéliande captivaient l’auditoire.
L’histoire de la dame blanche, cette mariée enterrée vive, donnait le frisson à chacun  et l’on aimait ensuite regarder la copie de la robe que Flor destinait à sa mère.
On eut l’idée de la reproduire à nouveau et pour ce faire, on fit appel à une jeune villageoise, Nolwenn, qui avait des doigts de fée.
La jeune et jolie personne demanda l’autorisation de s’entourer d’amies brodeuses qui l’aideraient à venir à bout de cet immense travail.
Les fleurs du voile étaient d’origine inconnue. Elles étaient veloutées et avaient la forme d’une étoile.
Ce sont des edelweiss dit un chevalier qui venait de Haute Provence. Ces fleurs miraculeuses, on ne les trouve que sur les sommets, là où bondissent les chamois.
C’était sans doute l’origine de cette malheureuse émit sentencieusement la princesse Nour dont la beauté n’avait d’égale que l’intelligence vive, cultivée dans le palais de son père.
A moins que ce ne soit le chiffre du marié dit Kylian qui ne voulait pas demeurer en reste.
Cette légende terrifiante et pleine de mystère les rapprocha et on les vit déambuler doctement dans le jardin d’amour, s’arrêtant parfois sur le banc où des anges diaphanes encourageaient les prémices de leurs amours.
Veillées et promenades déambulatoires dans le jardin d’amour, incluant sa pause romanesque sur le banc, contribuèrent à accentuer les liens qui se tissaient entre la princesse Nour et le comte Kylian de Concoret.
Chacun en apprenant un peu plus sur l’autre, au fil des jours, la princesse eut envie de plonger à son tour dans l’univers féerique et celtique de Brocéliande, aimée et cultivée par les dieux.
Les druides à la faucille d’or, coupant le gui et hantant les lieux ornés de pierres granitiques , les korrigans, les fées, tout cet univers fantastique et empreint de mystère parlait à l’âme de la princesse Nour qui avait hérité de son père l’amour fou de l’inexplicable.
On finit au château par céder à ses instances et l’on organisa un nouveau voyage en Brocéliande.
La princesse dut promettre de ne pas se rendre seule au château de Trécesson  dans l’espoir d’y rencontrer le fantôme de la dame blanche et c’est nantie de mises en garde de toutes sortes qu’elle prit la route, escortée , il va sans dire, par son frère, le prince Flor et par son soupirant , le valeureux Kylian de Concoret, et une nuée de chevaliers téméraires.
Les cadeaux rituels étaient chargés sur des mulets, coffres où abondaient des coupons de soie, de satin et de mousseline, coffrets de pierres précieuses et étuis décorés qui renfermaient des instruments de musique orientaux.
Lorsqu’ils arrivèrent au château de Comper, la demeure paternelle de Kylian, les voyageurs furent accueillis par des personnes costumées.
Gilets brodés, jupes et corsages arborant festons dorés et fleurs en relief, coiffes en ailes de papillons, tous ces accessoires et vêtements chamarrés enchantèrent la princesse qui se promit d’arborer une coiffe aussi belle et aussi aérienne.
Le château de briques roses reposait dans un écrin de verdure auprès d’un lac où se cachait le palais de cristal de la fée Viviane, selon la légende.
Avant de vous connaître dit Kylian à la princesse, je rêvais de rencontrer la fée Viviane et j’espérais pouvoir l’enchanter à mon tour mais depuis votre arrivée sur nos terres vouées à la tulipe d’or, je n’ai eu de cesse de vous charmer voire de vous séduire si vous m’y autorisez.
La princesse n’eut pas le loisir de répondre à ce jeune homme car le couple seigneurial accueillit son fils bien aimé avec tendresse et prodigua hommages et effusions amicales à la princesse Nour qui resplendissait de tout son éclat.
Flor avait voulu faire une halte à l’abbaye de Paimpont où il s’était senti si heureux et il avait promis de rejoindre sa sœur et son ami dans le château des origines.
Un repas fabuleux fut servi dans la grande salle du château et pour faire patienter les invités entre chaque plat, on leur donna une aubade et des danseurs et  voltigeurs détendirent l’atmosphère.
Une pyramide de choux à la crème et à l’essence de rose et d’oranger fut le clou du spectacle et l’on servit des coupelles de gelées de fruits ornées de chantilly.
Des hanaps de vin, de cidre ou de boissons aromatisées circulaient à la ronde et lorsque tout le monde fut rassasié et rafraîchi, on débarrassa prestement les tables et l’on put admirer un spectacle poétique où alternaient des musiciens, des danseurs et des poètes.
Kylian voulut faire montre de son habileté à manier les termes du fin amor, encore appelé amour courtois et il adressa le plus beau des poèmes à celle qu’il voulait éblouir.
Les effets du voyage se faisant sentir, chacun fut heureux de trouver un lit clos pour passer une nuit reposante.
Le lendemain, les amants en devenir se levèrent à l’aube pour goûter les charmes évanescents de la brume celtique qui déchira un à un ses voiles d’or et de pourpre, comme un clin d’œil oriental adressé à la plus belle des princesses.
Kylian et Nour goûtèrent des heures enchantées et le temps s’écoula, au rythme de promenades dans la forêt et de périodes de repos dans le plus merveilleux des châteaux, de briques roses, au bord d’un lac où se reposait peut-être, la fée Viviane, décidée à pouvoir encore faire usage de sortilèges pour ancrer définitivement sa renommée.

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