samedi 8 septembre 2018

Une demande inattendue


Une demande inattendue
Les jours qui suivirent le mariage fabuleux furent fertiles en événements festifs et rebondissements.
Dorian subit les épreuves destinées à tester le courage, l’endurance et l’habileté à manier les armes du chevalier puis il fut adoubé, après une nuit de méditation dans le cloître, en grand apparat, par Louis le Valeureux.
Il put alors songer à la mise en œuvre de son mariage et sa future épousée, Manon des Tournelles repartit dans ses terres afin de solliciter de ses parents leur autorisation. Le parti était si net, si florissant, si beau qu’elle ne doutait pas de leur réponse mais pour qu’un mariage soit heureux, il est bon de franchir toutes les étapes préliminaires avec civilité, courtoisie, respect parental et villageois pour que le grand jour soit sans tache et voué au bonheur d’une vie.
Sœur Myriam annonça qu’elle s’apprêtait à rentrer chez elle, en orient mais elle ajouta mystérieusement qu’elle avait une tâche à accomplir avant de partir et Blanchefleur, malgré sa diplomatie et ses interrogations voilées ne put lui en faire dire davantage.
Ses moniales et elle avaient repris la broderie et elles constituaient un ouvrage quasi féerique, un véritable trousseau.
A qui était-il destiné ? Mystère ! Cependant la fleur de lys abondait parmi les symboles apparents. Or c’était le code floral de la comtesse.
Ai-je une fille cachée pensait-elle, non sans humour.
Puis elle cessa de se poser des questions car une évidence s’imposait à elle : depuis le mariage et la venue de Bethsabée, aussi discrète qu’elle puisse être, il y avait de moins en moins de place pour elle dans son château.
Semblant la fuir, le prince, ses chevaliers et une solide escorte partaient à l’aube pour ne revenir qu’au couchant et il leur arrivait d’être absents plusieurs jours d’affilée.
Le prince prétendit que tout s’éclairerait lorsque le jour serait venu.
Voilà bien un mystère à l’orientale se dit Blanchefleur et afin de tromper son ennui, elle entreprit en cachette, dans ses appartements, un trousseau pour la venue d’un bébé car il lui semblait que le ventre de la belle Ornella s’arrondissait.
Elle semblait porter les fruits de cet amour fougueux que lui vouait son époux.
De fil en aiguille, elle constitua deux trousseaux, l’un, destiné à un garçon et l’autre à une fille.
Elle venait juste de mettre le point final à un burnous brodé de roses destiné à unefille qu’une petite Salomé, aux joues roses et au petit corps vigoureux, vit le jour.
Ma douce et tendre amie, si sage et si bonne lui dit Bethsabée avec beaucoup d’à propos, nous voici encore à l’aube d’un événement festif. Je vous réserve une surprise, ma chère car cette naissance, c’est à vous que nous la devons !
Puis elle s’éclipsa en emportant le burnous qui était une véritable œuvre d’art.
Blanchefleur prit un peu de repos et pour ce faire, elle se retira dans son jardin d’amour.
C’est là que le prince la rejoignit alors qu’elle ne s’y attendait pas le moins du monde.
Il avait une jonchée de roses et de lys dans les mains qu’il lui remit avec solennité.
Ninon, la jeune beauté qui avait été mise à sa disposition dès son arrivée au château, disposa des bouquets dans tous les recoins du patio puis elle frappa dans ses belles mains blanches pour qu’apparaissent des serviteurs, porteurs de coffrets divers et de tajines de mets savoureux qui avaient mijoté dans les cuisines du château.
Ces préparatifs terminés, chacun s’éclipsa discrètement, laissant le prince en tête à tête avec son hôtesse.
Il lui prit délicatement la main et la porta à ses lèvres puis il s’empara d’un luth et chanta avec une telle ferveur que les larmes coulèrent sur les joues de sa dame car il s’agissait, bel et bien, d’une déclaration d’amour.
«  Mon ange, ma beauté, je te voudrais nuit et jour à mes côtés. C’est pourquoi je te supplie de me laisser développer la fleur d’amour qui gît en mon cœur depuis des années et qui est venue à maturité pour que nos âmes et nos corps se mêlent jusqu’à la fin des temps. »
Le prince se tut, des anges passèrent puis pleins de langueur, ils décrétèrent de faire honneur au repas merveilleux qu’on leur avait préparé.
Le repas terminé, le prince embrassa amoureusement les lèvres de sa bien-aimée et lui donna un mystérieux rendez-vous dans un endroit qu’il avait aménagé, à la hauteur de sa beauté et du désir fou qu’il éprouvait pour elle, dans les semaines à venir, après que le baptême de la petite Salomé ait été célébré.
Demeurée seule, Blanchefleur se demanda si elle n’avait pas rêvé et brisée par les émotions, elle s’endormit profondément, attendant les colombes de l’avenir avec espoir.

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