mardi 30 août 2022

Maheut des glycines

 


Maheut des glycines

Filant en son manoir, la belle Maheut des glycines, ainsi nommée parce qu’on l’avait trouvée, enfant, au pied de la glycine qui ornait un castelet abandonné, Maheut disais-je, songeait à la tenue d’apparat qu’elle entendait réaliser à partir de la laine de ses brebis.

Elle assemblerait, coudrait et broderait un costume princier qu’elle destinait à l’élu de son cœur, encore inconnu à cet instant.

Au moment précis où elle concevait un motif de broderie original et floral, le heurtoir lui signala une visite impromptue.

Elle quitta son ouvrage à regret et ouvrit la porte pour découvrir, sur le seuil, un voyageur emmitouflé dans une houppelande de belle facture.

« Pardonnez-moi, charmante dame, je me suis égaré en suivant le cours d’une rivière et j’ai l’audace de vous demander l’hospitalité.

-Entrez, gentil damoiseau et soyez mon hôte » !

Après cet échange courtois, Maheut débarrassa Louis des Roselières de son manteau fourré et lui désigna un fauteuil près de la cheminée pour qu’il s’y repose.

Elle fit appel à sa dame de compagnie et lui enjoignit de commander un repas simple et gourmand aux cuisines.

Ainsi fut fait et dans l’attente du souper, Maheut reprit son ouvrage et sa création.

Lorsque le majordome les pria de passer à table, Maheut quitta son rouet, offrit son bras à son hôte et se dirigea en sa compagnie vers la salle d’apparat où l’on avait placé sur une nappe damassée ornant une magnifique table de chêne, de la vaisselle fine, des verres de cristal et des drageoirs, de l’argenterie et de somptueux bouquets de roses dans des vases précieux.

Les plats furent en harmonie avec la délicatesse du décor.

Langues de bœuf assorties à un bouillon subtil aux vermicelles et aux œufs du jour, volaille farcie aux champignons reposant sur un lit de pousses fraîches et de galettes de légumes variés, crèmes diverses aromatisées à la violette et aux amandes, tartes paysannes à la rhubarbe et aux pommes régalèrent les convives qui furent heureux ensuite de se désaltérer avec des boissons chaudes ou pétillantes.

«  Quel bon vent vous amène en ces lieux, gentil damoiseau » ? demanda ensuite la belle Maheut des glycines.

Louis des Roselières l’informa alors qu’il était à la recherche, à la demande de son suzerain, d’une dame prénommée Aurore.

Il préféra taire l’existence du chevalier sans nom et se contenta d’un récit simplifié.

« J’ai souvenance d’une princesse Aurore mais je crois bien qu’il s’agissait d’une héroïne de conte de fée, La Belle au bois dormant » lui dit Maheut et elle ajouta en souriant que la Dordogne était si belle et si mystérieuse qu’une dame de haute lignée pouvait se trouver sur ses rivages et peut-être s’y cacher.

Pour souligner le côté onirique de sa contrée, elle lui livra le secret de son enfance, le dépôt qu’une bonne âme avait confié aux glycines ornant un castelet à demi ruiné par le temps, ce qui était à l’origine de son nom.

« Si vous m’y autorisez, charmante demoiselle, je commencerai mes recherches par l’étude du castelet de vos origines : il nous délivrera peut-être un indice susceptible de nous conduire à la belle Aurore dont rêve un chevalier.

Si vous acceptez de me suivre dans cette enquête, j’en serai ravi » ajouta Louis.

Partagée entre le désir de connaître et de vivre une aventure qui s’avérait palpitante et le souhait de poursuivre ses travaux de couture et de broderie, Maheut finit par opter pour la recherche d’une princesse égarée en ce monde.

Ils décidèrent de prendre la route le lendemain matin afin de se rendre au castelet des origines.

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