dimanche 10 décembre 2023

La princesse Camélia en sa demeure

 




Heureuse d’être délivrée de son carcan de poupée, la princesse Camélia arpentait avec délices son castelet royal.

Tel un papillon lumineux, elle allait d’une pièce à l’autre avec ravissement.

Il n’y avait qu’un nuage noir à l’horizon : l’amour que lui prodiguait  en paroles et en regards enflammés, l’elfe, son protecteur.

Elle avait l’impression d’être enfermée dans une tour d’argent. Cependant, elle pensa qu’il serait sage de modérer ses refus.

En se préparant à jouer un rôle qui s’apparentait à celui des Précieuses d’antan, elle se donna les moyens de faire montre d’une certaine assurance afin d’en imposer à cet Orion transi d’un amour qu’elle ne partageait pas.

Je ne peux pas l’aimer par reconnaissance se disait-elle ; le souvenir de la carte du Tendre lui vint à l’esprit ainsi que l’escalade des hauts lieux de l’esprit gagnés au maniement de l’éventail, des toilettes soignées ainsi que la manifestation de leur brillante intelligence et de leur culture de ces marquises dont la beauté rivalisait avec un langage fleuri et éloquent.

Forte de cette réminiscence d’un passé prestigieux, elle se permit certaines exigences.

Elle réclama un cercle littéraire, ce qui impliquait un ameublement de qualité, une bibliothèque où alternaient des œuvres anciennes et des livres à la mode.

De petits guéridons serviraient de support au livre-phare du jour dont il faudrait débattre ou à la tasse de café, de thé voire de chocolat pour aviver les esprits.

Au fil des jours, la princesse Camélia eut une certaine notoriété et un cercle de participants attitrés se constitua.

Naturellement , Orion, l’elfe aux pieds d’argent se mêlait à la brillante compagnie et pour complaire à sa belle d’amour, il devint de première force aux impromptus et aux poèmes de forme fixe tels le sonnet ou le madrigal.

Une fleur, un papillon ou un oiseau lui servaient de prétextes à la déclaration d’amour poétisée et dans ce domaine, il était digne de l’Olympe.

On l’applaudissait, on l’admirait mais lorsqu’il regagnait sa demeure, il se sentait bien seul.

Il aurait volontiers échangé ses succès mondains contre une caresse même légère de la superbe Camélia qui devenait de jour en jour la rivale d’Aphrodite, la déesse de l’amour.

 

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