vendredi 29 novembre 2024

Louis de Ménilmontant

 

 


C’est sur les marches de l’église Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant que le jeune prêtre novice Émile Roy découvrit un enfant niché dans un couffin précieux.

Dans ses langes se trouvait un louis d’or. Il baptisa l’enfant trouvé Louis et lui donna pour nom de famille le sien.

Le petit Louis Roy vécut dans un environnement religieux. Il reçut une solide éducation, parla le latin sans difficulté et s’il avait eu la vocation, il serait devenu prêtre comme son père adoptif.

Mais ses goûts et ses ambitions étaient tout autres. Le métier de romancier était son jardin secret. Prenant Victor Hugo comme référence, il écrivait une page chaque jour.

Père Émile aima ces pages et il encouragea le jeune homme à persévérer dans cet art complexe.

Louis fréquenta assidument Le Monte en L’air, belle librairie de quartier fréquentée par un public éclectique, se fit connaître sous le nom de Louis de Ménilmontant.

Il lui arrivait de lire, à la demande, les billets littéraires qu’il écrivait le soir.

Père Émile l’arracha à cette vie quelque peu frivole en l’emmenant avec lui en Louisiane où il devait participer à un séminaire sur Saint Paul.

Louis était enchanté, tout d’abord parce qu’il aimait beaucoup Saint Paul, cet apôtre au destin singulier.

Collecteur d’impôts et traqueur de chrétiens, il avait été foudroyé sur le chemin de Damas. Une grande voix s’était fait entendre : «  Saul , Saul pourquoi me persécutes-tu » ?

Devenu aveugle par l’éclair qui accompagnait ces paroles, il était remonté péniblement à cheval et suivant les directives insufflées par la voix, il était finalement arrivé à bon port.

Après avoir recouvré la vue, il avait reçu le don de la foi et il avait inlassablement parcouru le Moyen Orient en portant la bonne parole et en écrivant.

Notre romancier, enflammé par le brillant séminaire auquel il participait, écrivit une page laudative sur cet évangéliste infatigable et obtint un vif succès auprès de l’assemblée ecclésiastique.

Un vent tourbillonnant de fleurs l’arracha à ses contemplations et il se sentit emporter par le souffle du désir ardent à la vue de la magnifique Lilwenn.

Tiraillé entre son amour profond pour Saint Paul et la passion qui lui dévorait les entrailles, il multiplia les marches matinales et c’est ainsi qu’aux abords du bayou, il rencontra sa muse, lui baisa la main et sentit que sa vie venait de basculer.

 

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