vendredi 13 avril 2012

Retour aux Sources Épisode II



Au fur et à mesure de leur progression, les chevaliers se sentaient pousser des ailes tant la désespérance de leur reine leur semblait évidente. Il n’était pas possible qu’elle trouve le bonheur loin de son bien Aimé et de plus le ravisseur semblait étrangement excentrique, peut-être sujet à une forme de folie.
L’itinéraire semblait balisé par d’étranges signes, rubans ayant manifestement appartenu à Gwendoline et même une bague superbe, une turquoise sertie dans l’or et cerclée de diamants qu’Erwan et Vent du Sud faillirent fouler au sol, plumes d’aigles accrochées dans les branches. Se fiant à ces éléments l’escorte progressait. Ils arrivèrent enfin au bord d’un lac immense dont on ne distinguait pas l’autre rive.
Loin de se décourager, Erwan ordonna que l’on construise sur le champ de solides embarcations. Quelques chevaliers partirent à la recherche de bûcherons et d’artisans qui se firent fort, moyennant de belles pièces d’or, de donner naissance à de beaux vaisseaux qui tenaient de la felouque ou du drakkar selon les compétences des compagnons.
Erwan commanda un bateau somptueux comprenant un édifice destiné à la parade et au repos, en toile de lin peinte de lianes fleuries et parée de coussins et de tapis d’Orient qu’un commerçant avait rapportés de la lointaine Shanghai.
Pour payer ce bateau de rêve, Erwan n’hésita pas à offrir en échange des bijoux royaux qu’il destinait à sa bien Aimée, pensant que l’épreuve terrible lui laisserait peut-être des séquelles. Pour se remettre d’un choc, rien de tel qu’un rêve ancré dans le réel d’un bateau glissant sur les eaux paisibles d’un lac. Erwan était prêt à renoncer à son royaume pour revoir le sourire ourler les jolies lèvres de la femme qu’il chérissait le plus au monde. Qu’importaient palais, bijoux, royaumes ? S’il le fallait, Erwan lèguerait tous ses pouvoirs au plus vaillant et au plus sage de ses chevaliers pour voguer à l’infini, avec sa belle, sur le lac magnifique aux eaux turquoise et argent.
Tout à sa rêverie, Erwan ressentit avec beaucoup de violence un nouveau coup du sort : jaillissant du lac avec une projection d’écume et de boules de feu, un dragon furieux s’élança vers le ciel, sa langue cramoisie en forme de flamme incandescente et rougit le lac de retombées brûlantes. L’air devint irrespirable et les artisans qui s’activaient sur les chantiers proches de la rive s’enfuirent épouvantés.
Par mesure de prudence, Erwan fit évacuer le site par ses troupes, déplorant que de si beaux voiliers soient ainsi abandonnés puis il décida de contourner le lac en espérant trouver par la suite une ouverture qui le mènerait à sa bien Aimée. La petite escorte trotta sans état d’âme, décidée à mener sa tâche à bien et sauver la princesse.
Erwan était résolu à aller de l’avant sans déplorer outre mesure l’obstacle qui s’était dressé devant lui. Persuadé d’avoir affaire à un entrelacs de sortilèges, il était décidé à résoudre un à un les problèmes qui surgiraient au fil du chemin.

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