vendredi 31 janvier 2020

Le dragon des marais


Le dragon des marais
Dans les marais du royaume des elfes, un dragon se reposait, passant d’un marais à un autre, ce qui inquiétait les habitants, les incitant à ne pas s’aventurer sur ce terroir pourtant riche en ressources diverses.
Bravant les interdits et les conseils des anciens, une jeune fille, Hélène, se dirigea vers les marais car elle avait à cœur de renouveler l’ordinaire de ses plats.
Tanches et anguilles, plantes aquatiques comestibles proliféraient dans les marais et elle comptait bien tenter sa chance.
Son panier fut bientôt plein de poissons frétillants et d’anguilles dont elle espérait faire des pâtés.
Les eaux stagnantes se mirent à bouillonner alors qu’elle se reposait à l’abri des roseaux.
Les sarcelles et autres oiseaux s’enfuirent et la jeune audacieuse vit émerger de l’onde un magnifique dragon couleur de feu.
Au bord de l’évanouissement, elle se protégea le visage d’un éventail nacré qui ne la quittait jamais.
Elle ferma les yeux et lorsqu’elle les rouvrit, il n’y avait plus la moindre trace du dragon et un jeune homme aux yeux d’émeraude se tenait, souriant, à ses côtés.
«  Jeune beauté, aussi fraîche que Nausicaa lorsqu’elle apparut à Ulysse après son naufrage, je suis envoûté par ce charme indescriptible qui émane de votre personne. Selon mes observations, tu sembles experte en réalisations culinaires et j’aimerais goûter quelques préparations venant de ces expertes mains blanches.
Donnons-nous rendez-vous demain à la même heure et pour ta peine, je te réserverai un cadeau quasi princier. On me nomme Maxence et je suis le prince des marais ».
Après avoir prononcé ces mots, l’étrange jeune homme disparut, laissant à sa place un diadème d’or serti de diamants.
Désireuse de réussir des mets susceptibles de plaire à un prince, Hélène prit le chemin du retour, emportant avec elle le merveilleux cadeau qui lui rappellerait qu’elle n’avait pas rêvé.
Le lendemain, elle était au rendez-vous avec un panier garni de victuailles appétissantes.
Lorsqu’elle eut fini de disposer les plats sur une jolie nappe brodée par ses soins, le prince apparut, portant une aiguière en argent ciselé contenant un breuvage qu’il qualifia de magique.
Les jeunes gens se régalèrent de ce repas reposant sur sur les richesses aquatiques, à l’exception d’un gâteau crémeux et moelleux au fondant exceptionnel.
Le breuvage ressemblait à de l’hydromel en moins sucré car il fallait une harmonie entre la boisson et les plats aux saveurs marines.
Un petit flacon de vin blanc sec compléta la ressource liquide avec de l’eau pétillante pour faire bonne mesure.
Le prince parla peu mais il abonda en compliments sur les talents culinaires de la jeune fille et il lui demanda, comme une faveur, de bien vouloir porter le diadème qu’il lui avait apporté la veille.
Il lui baisa la main, troublant Hélène qui n’était guère accoutumée à ces gestes galants et précieux.
Elle ferma les yeux et lorsqu’elle les rouvrit, une bague somptueuse étincelait à son annulaire et une ceinture d’or, à sa taille, reposait sur l’herbe, à l’emplacement du prince qui s’était à nouveau évanoui dans la nature.
Hélène emballa les reliefs du repas, emporta la ceinture qui lui semblait si belle qu’elle pensait ne jamais pouvoir la porter et rentra chez elle où elle se reposa quelques jours durant.
Craignant de passer pour une personne intéressée aux yeux du prince, elle s’interdit les escapades dans les marais, se nourrissant de produits laitiers, de fruits et de préparations savoureuses provenant de la terre.
Un jour, elle ne put s’empêcher de partir vers les marais car elle portait en elle une sorte d’étoile miraculeuse qui lui indiquait les voies mystérieuses de l’amour.
Point de prince ! Par contre, le dragon, craint par tous, se manifesta, troublant l’eau  de son corps de reptile.
Pleine d’espoir, elle se vêtit avec élégance, ajusta la ceinture d’or à sa taille et posa le diadème sur ses longs cheveux.
Elle ferma les yeux et attendit, le cœur et les lèvres brûlants.
Un baiser déposé sur sa joue lui apprit que son prince était de retour.
Maxence l’entoura de ses bras et l’emmena dans un palais édifié entre deux mares d’eaux stagnantes et poissonneuses.
Un beau mariage scella leur union et à dater de ce jour, le dragon des marais disparut à tout jamais car il n’était qu’un avatar du prince, à la recherche de la belle qui rendrait sa vie auréolée de magie et de passion.

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