samedi 18 février 2012

Aux Hussards Noirs de la République



Ils sont venus de tous les horizons, les hussards noirs de la République, fermes et décidés à instruire les plus démunis comme autrefois, au temps où l’idéal était au rendez-vous. Une phrase à commenter était écrite sur le tableau noir, ensuite défilaient, sous forme de leçons et d’ ‘exercices le « gai savoir ». Rien n’était oublié, chant où la Marseillaise avait sa place, dessin, gymnastique et pour les filles, couture, broderie et tricot.
Les hussards noirs ne plaisantaient pas avec la discipline mais ils avaient le souci d’être justes et de respecter le principe d’Égalité inscrite au cœur de notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité.
J’ai retrouvé l’ambiance studieuse et parfois déjantée dans la cour de récréation de ma jeunesse en lisant Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, œuvre où l’on voit grandir, mûrir et parfois souffrir une âme d’enfant.
On aime poser une question embarrassante : Quel roman emporteriez-vous dans une île déserte ?
Plus jeune, j’aurais hésité entre Belle du Seigneur d’Albert Cohen et la Princesse de Clèves de Madame de Lafayette. Aujourd’hui, je choisirais Le Grand Meaulnes tant les thèmes de ma propre vie s’entrecroisent dans ce livre plein de rêve, d’enfance et de réalisme campagnard, mon univers.
Par contre, je n’aimerais guère vivre dans une île déserte, même si elle était paradisiaque.
Le bruit des sabots dans les escaliers d’un collège à Concarneau m’est plus familier que celui des vagues ou des mouettes.
J’aimais l’odeur de la craie, des livres, des cahiers et le regard des élèves ouvert sur le monde que je leur proposais, poétique, rationnel, musical parfois hostile pour ceux que ma discipline n’enchantait pas. Le bruit du monde qui vient heurter les fenêtres d’une salle de classe, c’est le souvenir de ces humbles serviteurs de la République que l’on appelait Hussards Noirs en raison de leur zèle missionnaire à pourfendre l’ignorance et donner aux plus modestes l’étoile du Savoir.

2 commentaires:

  1. Comme tout cela est vrai ! Le respect n'existe plus, les élèves, mis a part quelques uns ne s'interesent plus à la littérature et aux beaux mots de la langue française, nous sommes à l'ère du langage SMS, quel dommage !
    Le Grand Meaulnes pour les mêmes raisons que toi me rapellait mon enfance, les poêles de l'école qu'il fallait remplir le matin, chacun notre tour, les bûches étaient si lourdes pour mes frêles épaules, mais je ne détestais pas !
    Pourtant mon livre préféré est "Le petit Chose d'Alphonse Daudet, je crois que c'est lui que j'emporterais sur une île déserte. Annie

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  2. Mon père me lisait Le Petit Chose le soir et il se délectait de la fin. Certes j'étais heureuse de savoir Daniel enfin heureux mais je détestais le sort réservé à la poésie: souviens-toi, Annie, on emballait la porcelaine dans les poèmes de celui qui n'avait pas réussi en ce domaine et qui était devenu commerçant! Pour cette raison et aussi pour la cruauté des débuts "Robinson, mon pauvre Robinson!" je n'ai jamais choisi ce livre pour l'expliquer en classe. Mon père avait un fond cynique, j'entends encore son rire ! et ces clés qui martelaient l'univers du pauvre surveillant, Bamban, que de souffrances !

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