jeudi 7 octobre 2021

Mousquetaires endeuillés

Dans l’espace  Remerciements  réservé aux citations, mis en place par la maison d’édition qui publie mes ouvrages, je ne manquais jamais de mentionner les noms de mon mari, Bernard sans qui rien n’aurait été possible et de nos deux fils, Jean-Bernard et Jean-Noël, mes plus fidèles supporters, notre d’Artagnan, Eloan, sept ans, étant encore trop jeune pour y être associé.

Alors oui, les deux mousquetaires survivants, émules de Porthos et d’Aramis, se sont dépensés sans relâche durant deux longues années pour procurer à leur père réconfort, soins d’hygiène et suivi médical, petits plats destinés à fouetter un appétit défaillant.

Si, par malheur, une époque funeste survenait, semblable à celle de la Première Guerre Mondiale où l’on s’improvisait infirmier, les jeunes filles de bonne famille y prenant leur part, s’affairant lors des amputations et des soins chirurgicaux auprès des Gueules Cassées, vous pourriez, sans problème, devenir des infirmiers patentés.

Surveillance de la tension, du taux d’oxygène, administration de préparations médicamenteuses, soins oculaires, aérosols et autres traitements qui rythmaient les journées d’un malade qui tentait de donner le change en marchant lorsqu’il le pouvait, sans l’aide de son déambulateur ou de son fauteuil roulant.

Auprès de moi, il faisait l’effort de rester celui que j’avais admiré, me réconfortant lorsque je souffrais pour entrer mes textes en m’assurant qu’il reviendrait m’aider lorsque sa vue serait meilleure.

Il tapait sur le clavier tellement plus vite que moi, enregistrant pas moins de quinze ouvrages, vérifiant avec soin les espaces, les signes typographiques et l’équilibre des paragraphes, discutant ensuite des modalités de la publication avec l’éditeur.

Cet heureux temps, tranquille et studieux n’est plus et nous restons, les mousquetaires et moi avec un immense blanc que nous tâchons de combler, en écrivant pour ma part et en entretenant une tombe fleurie pour eux qui eurent à cœur de rendre les derniers jours de leur père supportables, en dépit des souffrances endurées.

Quant à Eloan, notre petit d’Artagnan, sa dînette est toujours de sortie car son papi se prêtait au jeu de bonne grâce, mimant la joie de manger et de boire les menus proposés par un joueur expert.

Il nous faut, à présent, reconquérir un espace et le temps, en tâchant de ne jamais laisser l’oubli envahir notre demeure que tu as voulue, à ton image, heureuse et dynamique.

Notre infatigable marcheur sera toujours à nos côtés, bienveillant et attentionné.

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