samedi 16 octobre 2021

Perle, la reine des embruns

 



Dans un palais de brume, Perle, la reine des embruns lit et relit L’écume des jours.

Elle a fait construire un piano qui livre des cocktails à l’artiste qui joue des airs d’Érik Satie ou de Frédéric Chopin.

Cette œuvre savourée au rythme des accords savants, elle enchaîne la lecture d’autres romans.

La chartreuse de Parme, Belle du seigneur, Le lys dans la vallée font ses délices or ces livres lus et relus, ils laissent dans l’âme de Perle une sensation de manque mystérieux, une absence indéfinie à la saveur amère, celle de la merveille dont elle porte le nom.

Elle range ses livres, chausse des sandales de cuir et part à la recherche de son double, la perle des grands larges, couleur corail ou rose des sables.

Elle embarque à bord d’un esquif manœuvré par l’un de ses fidèles compagnons.

Au large, la présence des précieuses perles se dessine sous la forme de volutes blanches qui coiffent les vagues.

Les pêcheurs de perles plongent et ne tardent pas à remonter à la surface avec une prodigieuse récolte.

Rentrée en son palais, Perle admire les richesses marines après un bain qui les délivre des scories masquant leur blancheur nacrée.

Perle s’endort sous un dais voilé de roses. Dans la nuit, elle rêve qu’une perle gigantesque éclate au grand jour pour qu’apparaisse le plus beau des princes, aux yeux d’azur et aux mains de violettes.
Il est si beau que la chambre de Perle est irradiée de lumière.

Il s’agenouille auprès de la reine et lui murmure des mots caressants qui s’écoulent à la manière d’une source, prodigieuse et limpide.

Le prince Eugène enlace sa promise et décline les richesses qu’il fera porter en son palais.

«  Il y a longtemps que je vous observe, reine de beauté au nom si bien porté et pour m’unir à vous, je suis prêt à pourfendre tous les dragons de la terre et à conquérir des royaumes inconnus si vous le souhaitez.

Mon ami, seul un cœur pur pourra gagner la reine.

Je vous invite à me tenir compagnie pour que nous fassions connaissance ».

Les deux amants passèrent de longs mois à se promener sur la plage, écrire des poèmes ou participer à la création de bijoux fabuleux mettant en valeur les perles les plus précieuses.

Certains d’être le complément de l’autre, la moitié d’une coquille parfaite contenant une créature merveilleuse à venir, un enfant à la beauté du dieu Amour, chacun des deux amants offrit à l’autre le plus extraordinaire cadeau qui soit, un baiser aux ailes d’ange, diaphane comme les ocelles d’un papillon.

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