mercredi 19 octobre 2022

Le rêve de Valentine

 

Dans un village sans histoire vivait une jeune fille prénommée Valentine.

Orpheline de bonne heure, elle avait appris à vivre de son travail : travaux de dentelle et de broderie, couture à domicile et élevage de chèvres.

Elle fabriquait un excellent fromage qui lui garantissait de belles ventes dans les marchés de la région.

Un jour, alors qu’elle avait conduit ses chèvres dans l’alpage, elle aperçut à l’horizon un énorme nuage doré qui semblait se diriger vers le saule où elle était adossée, un ouvrage de broderie à la main.

Craignant de voir surgir un aigle ou un rapace de même espèce, elle ferma les yeux.

C’est avec surprise qu’elle sentit une caresse parfumée sur son visage.

Lorsqu’ ‘elle ouvrit les yeux, le nuage avait disparu et un jeune homme de belle prestance se tenait devant elle.

Il s’inclina galamment et se présenta. On le nommait Prince Azur en raison de son regard céleste.

Valentine lui était apparue comme la fée de son enfance, Dorothéa et il avait souhaité la connaître.

D’abord intimidée, la jeune fille l’invita à s’asseoir près d’elle.

Elle acheva la rose pourpre qu’elle brodait sur un chemin de table, une commande précisa-t-elle.

« Vous avez des mains de fée, chère Valentine lui dit le prince. J’ai l’honneur de vous demander en mariage. Vos souhaits seront exécutés à la lettre et je n’aurai pour objectif que votre bonheur ».

Il avait à peine terminé sa demande en mariage qu’un aigle, tant redouté par la jeune fille, fondit sur l’une des chèvres, l’emportant dans ses serres redoutables.

« Ah mon Dieu, s’exclama Valentine et elle se tordit les mains de désespoir.

Pardonnez-moi dit le prince. Vous allez sans doute me tenir pour le principal responsable de ce drame mais sachez que nul ne peut rien contre un tel événement.

C’est malheureusement la loi de la nature : la prédation fait partie du cycle écologique.

Près de mon palais, je ferai construire un hameau semblable à celui qu’affectionnait la reine Marie-Antoinette. Il y aura des animaux, des bergers et vous pourrez vous y détendre à loisir. Séchez vos larmes, je vous en prie ».

Il tendit à Valentine un élégant mouchoir brodé.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux à nouveau après avoir passé le mouchoir sur ses paupières rougies, Valentine eut la surprise de se retrouver seule : plus de prince !

Par contre, la chèvre emmenée par l’aigle était de retour dans le troupeau.

Armand, le pastoureau du village voisin, apparut à l’horizon, sa flûte aux lèvres et il s’inclina, à son tour, devant Valentine.

«  Que diriez-vous, Valentine, de réunir nos troupeaux ? Vous seriez ma dame et vous mèneriez les travaux quotidiens tandis que je me chargerais de l’entretien du potager, du verger et de la roseraie que je créerais pour vous. Bien sûr, l’entretien du troupeau me reviendrait.

Ma foi, voilà une belle proposition dit Valentine en souriant et j’y réfléchirai ».

Armand s’assit à ses côtés, la charma de sa flûte et tous deux passèrent de belles heures.

Lorsque vint le moment de se séparer, ils se prirent la main et se donnèrent un rendez-vous dans l’auberge du village où leurs fiançailles seraient annoncées.

«  Vous avez perdu un mouchoir dit Armand en lui tendant le mouchoir du prince » et c’est alors qu’elle réalisa que le prince Azur et Armand n’étaient qu’une seule et même personne.

Valentine embrassa son promis et s’en retourna chez elle, suivie discrètement par un nuage doré.

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