lundi 20 avril 2020

L'amandier de nos amours


L’amandier de nos amours
Elle a longtemps erré sur les bords de la Durance, la fée Amandine, la fée de nos amours et elle a privilégié les vergers avant de s’installer, dans les collines, près d’une petite maison de pierre où des poètes venaient se recueillir, un livre ou un carnet à la main, écrivant et déclamant les fruits de leur pensée.
Et de tous ces mots, le plus bel amandier a jailli et chacun de vouloir s’emparer de la récolte, certain de rencontrer l’amour.
Cet amandier, j’en ai rêvé et je l’ai uni à un olivier centenaire qui m’a rappelé les amours d’Ulysse. J’ai décidé de ne jamais quitter ces collines car, au détour d’un chemin, l’envoyé céleste m’apparaîtrait et me demanderait l’autorisation de goûter ces amandes prodigieuses.
Il me prierait également de réaliser un gâteau où l’amande serait présente, sous la forme d’une poudre fine alliée à du beurre frais et de la fleur d’oranger, d’une pâte rose qui glacerait la génoise avec, en son centre, une rose contenant un fruit délicat et gourmand.
La fée Amandine aimait contempler les amoureux de cet arbre qui semblait appartenir au chemin de la vie comme le symbole de l’amour.
« J’avais le plus bel amandier du quartier » chantait Georges Brassens, imaginant qu’une belle lui avait croqué toute sa récolte pour finalement y trouver son compte «  mais sa jolie bouche gourmande en baisers m’a tout rendu ».
Quant à moi, je me suis contentée du rêve et les promenades sur les berges de la Bléone, l’un des affluents de la belle rivière fugueuse qu’est la Durance m’ont aidée à abolir le cours du temps.
C’est sur ses bords que j’ai lu les plus belles pages de Jean-Jacques Rousseau et que j’ai écouté le clapotis de l’eau sur les rochers plats où j’avais pris place, en reine du rêve amoureux qui ne semble pas avoir sa place ici-bas et qui se promène, au gré des nuages.
La fée Amandine s’est installée définitivement dans la maison de pierre et c’est là qu’elle a guetté le retour des poètes, certaine de les voir, un jour, activer le heurtoir de sa porte pour quémander une part du gâteau merveilleux qu’elle enfournait quotidiennement pour être prête à accueillir un prétendant au rêve, prêt à écrire le roman picaresque de cet arbre magique.

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