dimanche 12 avril 2020

Le cavalier d'argent


Le cavalier d’argent
C’est en passant sous un halo de lune que le cavalier, en route vers la forêt de Brocéliande, s’auréola d’argent et à partir de ce moment, on le nomma le cavalier d’argent.
Il apparaissait, le soir, à la brune et de nombreuses jeunes filles rêvaient de le rencontrer pour s’en faire aimer.
Pensez donc, un cavalier d’argent, ce n’était pas courant et c’était aussi la fortune assurée !
En prenant à travers champs pour se rendre au marché vendre ses produits, des ouvrages en dentelle, la jolie Mylène fit une pause dans un bosquet d’aulnes et c’est alors qu’elle le vit, celui dont tout le monde rêvait !
Son cheval broutait l’herbe paisiblement tandis que le cavalier avait pris place sur un tronc d’arbre.
L’argent de son armure n’était guère visible car il s’en était défait pour se reposer : elle gisait dans l’herbe, soigneusement déployée pour être enfilée rapidement en cas d’attaque subite.
«  Jeune beauté, où allez-vous, de ce pas rapide et ailé » ? demanda le jeune homme d’une voix chaude et agréable.
Nullement intimidée par ce beau jeune homme à la tournure parfaite et au charmant sourire, Mylène déballa son baluchon et montra ses broderies en expliquant qu’elle s’en allait au marché dans le but de les vendre.
«  Je vous les achète toutes » dit le jeune homme et il montra des louis d’or pour parfaire sa proposition.
Mylène lui demanda s’il en aurait l’usage, ce à quoi il répondit que ce serait assurément, pour chaque pièce, napperon, chemise d’apparat, foulard, linge de table, le plus beau des cadeaux pour de futurs hôtes qui l’accueilleraient ainsi en forêt de Brocéliande où il se rendait afin de rencontrer les descendants des chevaliers de la Table Ronde.
Il raconta à la jeune villageoise quelques épisodes de la geste arthurienne et elle en fut si éprise qu’il lui proposa de l’accompagner dans cette terre bénie des dieux celtes qui n’avaient jamais capitulé face à une nouvelle religion qui excluait les faits d’armes et le sens de l’honneur.
Ce serait bien volontiers dit Mylène mais je n’ai pas d’équipage et de plus, ce ne serait guère convenable, pour une jeune fille, de voyager ainsi en compagnie d’un inconnu.
«  Je suis le chevalier Aymeric de Montluc et je peux vous épouser si vous le souhaitez » répondit le cavalier d’argent et il ajouta : « je ne suis le cavalier d’argent que pour ceux qui ont besoin de rêver. Vous me semblez, au vu de vos travaux dignes des fées, être une jeune fille posée, raisonnable et artistiquement douée. Si vous m’accordez votre main, j’en serai très honoré ».
Les jeunes gens se rendirent dans un monastère où ils passèrent plusieurs jours en prières et en recueillement puis le père qui était à la tête de l’abbaye les unit devant Dieu et leur communauté.
Aymeric de Montluc commanda un équipage digne d’une épousée et ils partirent vers la forêt de Brocéliande où ils étaient attendus.
Tout en priant, Mylène avait eu le temps de broder un magnifique chemin de table pour l’autel afin de remercier les bons pères pour leur généreux accueil et elle reçut, en échange, des produits du monastère, confitures, miel et salaisons qui pourraient garder leur fraîcheur en chemin.
Elle avait pris la précaution d’avertir son village de son départ et de son mariage.
«  Il nous faudra une brodeuse pour remplacer cette artiste » dit le maire et il soupira en songeant à la difficulté de la tâche.
De nombreuses jeunes filles répondirent à l’appel car il se disait que la belle Mylène avait épousé le cavalier d’argent et c’était là le meilleur projet d’avenir qui se puisse faire !
Le village devint célèbre pour sa broderie et quelques artistes trouvèrent un époux, charmé de rivaliser avec le légendaire cavalier d’argent qui entra dans la mythologie villageoise, digne de figurer dans des livres enchanteurs !

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