jeudi 30 avril 2020

Pour un amant


Pour un amant
Pour un amant des royaumes lointains où s’abrite l’amour, j’ai relu le Cantique des cantiques et j’y ai trouvé tant d’images empreintes d’un désir harmonieux que mon cœur s’en est ému.
Jamais prière dédicacée à l’auteur de nos jours n’est parvenue à ce paroxysme de passion, chanson du bonheur exaltant les paradis perdus.
«  La tsigane savait d’avance nos deux vies barrées par les nuits, nous lui dîmes adieu et puis de ce puits sortit l’espérance » écrivait le poète Guillaume Apollinaire dont chaque mot fait mouche en mon cœur.
L’incroyable mélodie qui émane de ses variations poétiques, vrille les flots de la passion à la manière d’une fée juchée sur des escarpins de verre, ornés de cabochons précieux.
Je m’évade sur les chemins du rêve et je me revois, jeune et naïve, mes longs cheveux flottant au vent, l’esprit encombré de mille pensées baroques qui faisaient de moi une étrange incarnation du désespoir sculpté dans l’argile du désir.
Je me revois, courant dans les collines, à la recherche de l’édelweiss miraculeux et de pierres lacustres en forme d’étoiles, un peu comme si des étoiles filantes s’étaient figées pour nous offrir des bijoux précieux.
J’ai trouvé les mêmes rêves fous dans les livres de Sylvain Tesson mais loin de rechercher une panthère des neiges, je suis partie vers les oueds pour y trouver le prince d’une oasis perdue qui m’attend depuis tant d’années et que j’ai essayé, en vain , d’éviter, craignant que mon cœur n’éclate d’ivresse et de bonheur !
« Mon bien-aimé est descendu à son jardin aux parterres embaumés pour paître son troupeau dans les jardins et pour cueillir les lis ».
En relisant les versets parfumés du Cantique des cantiques, je me revois, enfant, écoutant l’histoire du Roi Salomon et de la Reine de Saba, telle que la racontait une dame, fabricante de meubles, qui portait toujours une liseuse faite par ses soins au crochet, point appris dans un orphelinat.
Cet ouvrage dissimulait le haut de sa blouse blanche de patronne pour se montrer grande dame certes mais vêtue avec modestie face à ses ouvriers qui la vénéraient et la redoutaient de manière équilibrée.
Ses paroles tombaient sur mon cœur comme des perles tandis que mes parents l’écoutaient par politesse.
Heureux temps de l’enfance où, en dépit de mes impressions d’être le cygne noir d’une flottille de cygnes blancs qui glissent sur les eaux limpides des lacs, je gardais les émeraudes sacrées de l’amour !

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