dimanche 26 juillet 2020

Blé doré


Blé doré
Dans la bastide du Prince Noir, deux sœurs jumelles, Pervenche et Garance, toujours inséparables, vivaient de petits travaux d’aiguille et d’aides apportées aux personnes âgées, isolées, vivant de manière précaire dans le village.
Leur gaieté et l’efficacité de leurs gestes quotidiens apportaient du réconfort à ceux qui avaient perdu mobilité et santé.
Pervenche aimait consulter son ordinateur pour s’informer de la marche du monde et c’est ainsi qu’elle reçut la carte mystérieuse envoyée par le magicien informaticien.
Les hameaux Luciole d’argent et Nuage safran, déjà visités avaient été remplacés par Pierre de Lune et Chariot de Feu.
Les deux sœurs étudièrent la carte avec beaucoup d’intérêt car elle semblait prometteuse de renouveau.
Comme elles bénéficiaient de congés annuels, elles jetèrent leur dévolu sur Blé doré, firent leurs bagages avec entrain et prirent la route en calèche tractée par de beaux chevaux pommelés pour le hameau du rêve.
Lorsqu’elles arrivèrent dans la commune illuminée par de gigantesques gerbes de blés d’or, elles découvrirent une maison bleue estampillée à leurs noms.
Pervenche et Garance clignotaient de manière continue, prouvant ainsi qu’on les attendait en hôtesses de marque.
Une table de fête était dressée et des musiciens les accueillirent au son de Les yeux noirs et Violettes impériales.
Le repas fut des plus enchanteurs et l’on vit se succéder des tartes aux légumes, des filets en croûte et tout un assortiment de pâtisseries traditionnelles.
Les deux sœurs prirent un immense plaisir à savourer ces plats qu’elles aimaient servir habituellement aux personnes fragiles dont elles avaient la charge au village pour leur redonner un peu de vigueur.
Les musiciens donnèrent une dernière aubade puis ils disparurent dans la nuit.
Les jeunes filles découvrirent leur chambre, toute pimpante, avec deux lits jumeaux.
Après des ablutions dans la salle de bains, elles revêtirent une jolie chemise de nuit en coton d’Egypte et en dentelles de Valenciennes, préparée sur le lit avec infiniment de délicatesse, accompagnée d’un bouquet de lavande.
Elles passèrent une nuit reposante et le lendemain, elles allèrent d’un bon pas auprès de la fontaine du village où se trouvaient rassemblés des habitants de tout âge, décidés à leur offrir un chaleureux accueil.
Des jeunes gens leur présentèrent des hommages appuyés et les invitèrent à participer à un bal qui se déroulerait en fin de semaine.
Parfait, se dirent-elles, nous aurons le temps de préparer une toilette de princesse afin de faire honneur à nos cavaliers.
Dans cette perspective, elles achetèrent du tissu, une boite à couture et des accessoires de toutes sortes pour réaliser maints travaux, y compris la fabrication de chapeaux destinés à finaliser la toilette de bal.
Une machine à coudre était installée sous une véranda qui offrait sa lumière avec une vue approfondie sur le jardin.
Pervenche et Garance firent de ce lieu le cœur de leur appartenance au Blé doré.
La couture les occupa pleinement.
Elles se nourrissaient frugalement et cousaient avec entrain.
Lorsque leur toilette fut achevée, chapeau compris, elles prirent un peu de repos et attendirent l’invitation formelle au bal.
Le soir venu, elles firent sensation et il s’en fallut de peu qu’elles ne trouvent pas de cavalier tant leur allure princière en imposait à tous.
Laurent et Julien, frères jumeaux, furent les premiers à les enlacer et l’orchestre interpréta Le Beau Danube Bleu avec infiniment de charme.
On croyait presque entendre les oiseaux et cette soirée festive resta pour les deux sœurs la pierre blanche et lumineuse d’un avenir radieux.
Elles rencontrèrent l’amour qui, en l’occurrence, n’était pas masqué et leur bonheur fut si intense qu’elles décidèrent de rester dans cet endroit fabuleux où elles avaient trouvé le point d’orgue de leur vie.
Elles se marièrent en toute simplicité et firent de la maison bleue qui leur avait été offerte, un véritable atelier de couture et elles se lancèrent dans de merveilleuses créations qui enchantèrent les habitants de Blé doré, village campagnard et rustique auquel manquait la petite touche de féerie qui leur donna une renommée élargie aux villages voisins.
Les jeunes femmes créaient de magnifiques modèles, cousaient et brodaient avec beaucoup d’élégance, blés d’or entrelacés de bleuets et de coquelicots devenant leur signature, à la manière d’une Coco Chanel et son fabuleux chiffre Cinq.
Le bonheur régna au cœur de leur ménage car leurs maris, heureux d’avoir pris pour femme une créatrice de mode, exercèrent leur métier de ferronnier d’art et de boulanger avec ardeur.
Des enfants naquirent dans les deux foyers et le hameau de Blé doré connut une prospérité miraculeuse, grâce à la carte d’un magicien enchanteur !


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