jeudi 2 juillet 2020

Esméralda, la gitane au grand coeur


Esméralda, la gitane au grand cœur
Dans sa roulotte, confortablement installée sur son sofa, Esméralda s’adonna à ses activités quotidiennes.
Elle tira les cartes, consulta sa boule de cristal, tâcha de renouer un contact avec les ombres des disparus puis, tous ces exercices épuisés, elle se livra à des tentatives gastronomiques, crêpes fourrées salées et sucrées, fraisier et enfin un jambon caramélisé et clouté de girofles au milieu des ananas.
Satisfaite de ces réalisations destinées à un hôte qui lui était annoncé par le truchement des cartes, elle soigna sa mise et sa coiffure, se parant d’un double rang de perles et elle attendit que se réalise la prédiction en feuilletant un livre de contes illustré.
La Belle au bois dormant et autres contes mis en valeur par les gravures de Gustave Doré, retinrent son attention et les heures s’égrenèrent sans qu’elle ne s’impatiente ou perde l’espoir de voir arriver le prince annoncé par le roi de cœur.
Or, celui qui se présenta devant le rideau de perles multicolores de l’entrée n’avait rien dans son allure qui évoque l’apparence du dauphin d’un royaume.
C’était un tout jeune homme, vêtu sobrement. Il disparaissait presque derrière une harpe celtique qu’il caressait amoureusement.
Edouard, barde de Paimpol , énonça-t-il pour se présenter. Je me suis quelque peu égaré et j’ai suivi un rouge-gorge qui m’a conduit auprès de vous.
Je vous attendais lui répondit Esméralda en souriant et elle invita le poète à prendre place dans le coin réservé aux arts de la table.
Elle le servit promptement.
Les parts de jambon à l’ananas étaient accompagnées de pommes de terre sautées et d’une laitue pommelée garnie de cerneaux de noix.
Le jeune homme mangea de bon appétit puis il fit honneur au fraisier et se régala d’un pichet de cervoise et d’un verre de muscat.
Ce repas de fête achevé, Edouard remercia son hôtesse en lui jouant un air irlandais.
Le rouge-gorge qui l’avait conduit jusqu’à la roulotte, pénétra par la fenêtre et se percha sur l’épaule d’ Esméralda, marquant ainsi le trait d’union qu’il souhaitait établir entre les deux jeunes gens.
Ils se promenèrent dans la clairière et échangèrent des propos choisis, dignes de figurer dans un recueil de poèmes.
Le rouge-gorge ponctuait leur romance par son chant et lorsque la lune apparut dans le ciel étoilé, les deux jeunes gens tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
Ils dormirent jusqu’à l’aube dans le nid douillet de la roulotte et au réveil, ils formèrent des projets d’avenir.
La belle Esméralda se jura de ranger sa panoplie de voyance puisque son prince était parvenu jusqu’à elle comme annoncé.
L’ombre de sa grand-mère lui avait conseillé de ne plus user de l’art de la divination si son souhait principal était exaucé.
Elle se plia à ce que disait « la bouche d’ombre » et prépara gaiement le nid d’amour de leur demeure.
Ils iraient parcourir les campagnes au pas cadencé des chevaux.
Le rouge-gorge resta en leur compagnie, offrant au couple la pureté de son chant !


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