samedi 11 juillet 2020

Un amour de Camélia


Un amour de Camélia
Tous les jeunes gens du pays rêvaient de recevoir une œillade ou un sourire de la belle Camélia dont le simple nom faisait palpiter les cœurs.
Née à l’issue d’amours tumultueuses et probablement adultérines, Camélia avait été abandonnée sur le parvis de l’église.
Elle souriait comme un petit ange et elle était si jolie dans son burnous brodé que le jeune prêtre qui la découvrit l’éleva dans ses bras, à la manière des Romains, la faisant sienne.
Il la baptisa Camélia car ce jour même, le buisson de camélias qui ornait le presbytère avait fleuri.
En grandissant, Camélia s’identifiait à ce fabuleux prénom : son incarnat était celui de la fleur qui resplendissait dans les jardins et sur l’autel de la Vierge.
L’abbé du bois joli, né comte de  Montesquiou , s’était attaché à cette enfant et il songeait à lui léguer le château de ses ancêtres, géré par un homme de qualité depuis son désir de servir Dieu.
Camélia écoutait docilement les récits tirés de la Bible et elle se passionnait pour la vie du Christ.
Néanmoins, l’abbé  qui lui servait de père, restait sobre car il ne souhaitait pas voir sa fille bien-aimée prendre le voile et demeurer cloîtrée pour le restant de ses jours.
Enfermer une telle beauté lui semblait un sacrilège.
Confus d’avoir de telles idées sacrilèges, il  assombrissait ses jours et il rendit prématurément son âme à Dieu.
Devenue orpheline, Camélia eut la surprise de se voir attribuer le château de Montesquiou et toutes les terres attenantes au domaine seigneurial.
Elle s’y rendit et en découvrant ce legs, elle eut l’impression d’y avoir toujours vécu.
Elle s’installa avec bonheur dans cet écrin de verdure et de pierres taillées à l’ancienne. Le mobilier n’avait guère changé depuis l’époque de d’ Artagnan.
Ce style Louis XIII lui convenait à merveille et son allure altière lui valut spontanément le titre de comtesse par les personnes attachées au domaine, travaillant dans les vignes et l’élaboration des vins et de l’ Armagnac.
Sa touche personnelle consista à faire ériger une statue en l’honneur de son bienfaiteur.
Elle demanda au sculpteur de respecter ses traits tout en lui donnant une allure digne de Saint François d’Assise qu’il aimait.
Les oiseaux adoptèrent spontanément la statue et ils s’attachèrent d’autant plus à cet hommage de pierre, du marbre en l’occurrence, que Camélia fit appel à de nombreux jardiniers pour encercler l’ouvrage d’art.
Une construction florale incluant une fontaine et une folie, à la mode sous Louis XV, paracheva la beauté de l’ensemble votif.
Lorsque tous ces travaux furent achevés, le château de Montesquiou se trouva considérablement embelli et les demandes en mariage adressées à l’héritière fusèrent.
Fidèle à l’enseignement paternel de l’abbé, basé sur l’amour et la charité, Camélia accepta la demande en mariage d’un jeune homme dont les qualités humaines étaient notoires.
Ils vécurent une idylle charmante, fréquentant le jardin d’amour conçu en l’honneur du prêtre, avant d’envisager un mariage qui fut célébré dans la chapelle du château avec l’assentiment de tous.


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