Une nuit, le prince Philippe, dans son palais de marbre rose en forme de pivoine surmontée d’un dôme couleur or, rêva qu’un paon merveilleux se promenait dans ses jardins en laissant des pierres précieuses sur son passage.
Au réveil, le prince se vêtit promptement, but un bol de thé à la rose et scruta les sentiers de ses jardins dans l’espoir de rencontrer le paon ou de trouver les bijoux de son rêve mais ce fut en vain.
Il ne vit qu’une petite fille, âgée de cinq ans environ, la fille de son jardinier qui courait pour attraper des papillons.
Ravi par ce tableau charmant, il envoya un message à son jardinier. C’était une invitation adressée à sa femme et à son enfant pour le goûter du palais.
De retour en sa demeure, il convoqua sa cuisinière et lui demanda de préparer le plus charmant goûter qui soit puis il vaqua à ses obligations coutumières, dictant maints courriers officiels à son secrétaire.
L’heure du goûter arriva.
La petite fille prénommée Lily-Rose portait une jolie robe de percale brodée et elle semblait intimidée. Sa mère, vêtue avec discrétion et portant un tablier de lin la guidait dans ses mouvements afin qu’elle mange proprement les jolis plats que la cuisinière avait préparés.
Soudain un cri se fit entendre : « Léon, Léon ». Le paon dit le prince fébrilement. Il prit congé de ses invitées, chargea sa nourrice de poursuivre la réception et partit dans les jardins à la recherche du fabuleux volatile.
Ce fut un ballet digne des plus grands chorégraphes. Le paon semblait prendre un malin plaisir à se dérober.
La course poursuite dura longtemps.
Le paon entraîna le prince Philippe loin de ses jardins.
Il marcha bientôt sur un chemin qui n’appartenait plus à son domaine.
C’est alors que le paon lui barra la route. Il était aussi merveilleux que dans son rêve.
Le prince fit un geste dans sa direction mais le sol se déroba sous ses pieds et il perdit connaissance.
Lorsqu’il sortit d’un sommeil comateux, une jolie princesse se trouvait à son chevet et rafraîchissait son front moite de linges parfumés à l’eau de rose.
Le prince Philippe comprit alors la signification du rêve et il demanda à la princesse Fleur du Temps l’autorisation de lui baiser la main.
Ce contact provoqua en lui un tel émoi qu’il s’en fallut de peu qu’il ne retombe dans sa langueur mais la princesse en scellant leur union dans un baiser tendre et fougueux lui rendit sa vitalité et son ardeur.
Les noces furent somptueuses et pour se rappeler indéfiniment l’origine de son bonheur, le prince Philippe créa une volière où les paons se promenèrent en offrant à leurs hôtes la splendeur de leur parade amoureuse.
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