Parler à bon escient, parler vrai, parler d'or, à point nommé, parfois même là
où on ne l'attend pas, tel est le marqueur de notre président.
Sans doute a-t-il été impressionné par les films d’Ingmar Bergman, notamment
Les Fraises Sauvages où, à la fin de sa vie, un professeur souffre d'un
cauchemar dont l'objet central est une horloge cassée, sans aiguilles.
Traumatisé par cette vision, au réveil, il entreprend une analyse de sa vie et
finit par conclure qu'il est toujours passé à côté des événements d'importance.
L'obsession d'être en mouvement, d'empoigner le réel à pleines brassées, semble
être le fil rouge de l'action présidentielle et si le président a, par certains
aspects, une figure stendhalienne, un héros moderne qui ne recule jamais face au
danger, il est aussi, par moments, le tout jeune homme qu'il n'a jamais cessé
d'être, courant au-devant d'enragés qui brûlent d'en découdre, en toute
velléité anarchiste, ou, au contraire vers des amoureux de sa personne qui lui
tendent avec ferveur des tablettes pour capter son reflet.
Visage presque fermé, sourire carnassier et main prompte à se poser sur
l'épaule d'un adversaire ou allure juvénile d'un Gérard Philipe qui aurait
embrassé une carrière politique, c'est le double profil du dieu Janus qui
régnait sur le Capitole, annonçant la guerre ou la paix, tel apparaît notre
président.
Il s'interdit le mot guerre en bon démocrate qu'il est car il a le souci
d'incarner, non seulement son pays, mais l’Europe qu'il porte en lui comme un
doux viatique.
Marcher ou mourir, telle pourrait être sa devise et il va, marchant, courant
parfois même, pour persuader autrui de la pertinence de sa vision.
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