Dans un royaume lointain administré par la reine Bianca, un événement fit la une des gazettes locales : on annonçait le retour des bannis.
C’étaient des chevaliers soupçonnés de félonie envoyés dans
des îles perdues par le prédécesseur de la reine, le prince Édouard
.
Le temps s’était écoulé et la reine jugea qu’il était temps d’octroyer le pardon et rendre les bannis à leurs familles.
Un voilier fit la navette. Hugues, Edwin, Guillaume, Bertrand montèrent à bord, soulagés de se voir pardonner.
Seul le duc Alexandre dont le fief était considérable manquait à l’appel.
Aux dires de ses compagnons, il avait disparu en mer après avoir fabriqué un radeau de fortune pour regagner le royaume.
Il était parti un soir de pleine lune et n’était jamais réapparu.
On supposa qu’une tempête avait eu raison de sa périlleuse expédition.
Son épouse Rosemonde prit le deuil.
Pour éviter la course aux prétendants qui se tiendrait inévitablement après ses quarante jours de deuil, moins pour sa personne que pour la richesse de son fief, elle fit savoir qu’au terme de sa retraite, elle confierait les clefs de son domaine à son fils Eudes et se retirerait dans un couvent.
Ce détail réglé, elle laissa couler ses larmes et arpenta ses terres enveloppée de voiles noirs.
La reine Bianca ordonna la préparation d’un banquet festif pour le retour des chevaliers, exigeant que le terme « banni » soit exclu dorénavant.
Le grand jour arriva. Une très jolie table chargée de bons plats et de boissons où l’hydromel et l’absinthe parfumaient les trésors de la vigne fut dressée et décorée de bouquets composés.
Un vin pétillant de bon aloi, le Montlouis fut servi en guise de mise en bouche avec des mignardises à la rose et au jasmin.
Des bouchées sucrées et salées complétaient cette entrée somptueuse.
Jambons cloutés aux girofles, laqués de miel et cuits au four, tranchés et présentés sur des tartines de pain craquantes, fourrées de noix, d’amandes et de pistaches obtinrent un franc succès tandis que des hanaps de cervoise et de cidre circulaient à la ronde. Des carafes de limonade rafraîchissaient les dames, heureuses de savourer autant de mets gourmands.
Une pastilla aux pigeons et aux amandes déclencha des applaudissements tandis que les serviteurs, actifs à la découpe, songeaient à la présentation d(une surprise finale, une pyramide de cannelés et de macarons.
Des gelées à la rose et au citron ainsi que des coupes de crème aux œufs et au caramel furent servies à la fin du repas.
Les chevaliers remercièrent chaleureusement la reine pour ces festivités et demandèrent l’autorisation de regagner leur foyer en compagnie de leurs épouses.
Bianca envoya son chambellan et des serviteurs au manoir de Rosemonde, chargés d’un assortiment de mets délicats et de boissons relevées.
« Jeûner ne fera pas revenir votre mari, mangez et buvez à votre convenance pour participer au bonheur du jour » déclara Aude, première dame de la reine, se faisant son porte-parole.
Elle offrit également à la veuve un coupon de soie noire et de dentelles.
Cette journée s’acheva paisiblement et chacun trouva le sommeil et le chemin du rêve aisément.
Très beau roman , à lire avec plaisir,
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