La valse des souvenirs

 

Dans la clairière des souvenirs, Johnny, bruit de bottes étouffé par les feuilles mortes, valse avec le fantôme de ses amours.

Le jour de sa naissance, une émule de la fée Carabosse prononça une prophétie en forme de malédiction :

«  Beau,  charmeur et artiste de grand renom, tu ne parviendras pas à garder la femme aimée et tu seras condamné à errer de cœur en cœur, de crinoline en leggings de rockeuse sans jamais connaître le bonheur ».

Fort heureusement, comme dans le conte La belle au bois dormant, une fée s’était cachée pour pouvoir modérer le sort.

Fleur de porcelaine, la fée des arrangements modula ainsi la prophétie de sa consœur :

« Ta beauté, bel enfant, rappellera à tous les canons grecs illustrés par le dieu Apollon et tu hériteras également de ses incomparables dons musicaux.

Certes, il te sera difficile, comme pour le dieu Apollon d’ailleurs, de garder la fleur féminine d’un amour éternel mais celles qui auront la chance de vivre à tes côtés garderont ton souvenir et resteront tes amies leur vie durant.

De plus, tu seras aimé au centuple par des fans prêts à tous les sacrifices pour assister à tes spectacles.

Ils te resteront fidèles et te garderont au tréfonds de leur âme.

Tu auras trois filles, trois joyaux et un fils incomparable qui écrira pour toi une chanson immortelle, Sang pour sang et qui propagera ta légende en chantant ».

Dans la clairière des souvenirs, Johnny aperçut une belle inconnue dont la robe était tissée de créations florales.

Elle sourit au chanteur et tous deux dansèrent au clair de lune tandis qu’un orchestre invisible interprétait Retiens la nuit et autres mélodies d’amour.

Au petit matin, Johnny regagna son nuage en emportant le souvenir d’une clairière enchantée.